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GASPARD DE LA NUIT, Aloysius Bertrand Fiche de lecture

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Gaspard de la Nuit. Fantaisies à la manière de Rembrandt et de Callot, paraît en novembre 1842, à l'imprimerie-librairie Victor Pavie à Angers, après la mort de son auteur Jacques-Louis Napoléon Bertrand, dit Aloysius Bertrand (1807-1841). En 1836, le journaliste républicain qui devint directeur du Provincial, polémiste caustique et caricaturiste, bien accueilli à Paris par le cénacle de Victor Hugo et par Charles Nodier, avait remis en vain son manuscrit à l'éditeur Renduel. Après des déboires littéraires et une vie de misère, le poète maudit du premier romantisme, indigent et malade à l'hôpital, lègue son manuscrit à son ami peintre et sculpteur David d'Angers (1788-1856) juste avant sa mort prématurée. Devenu son exécuteur testamentaire, ce dernier envoie une copie à Victor Pavie, avec la promesse d'une préface de Sainte-Beuve. Publiée en 1842, l'édition originale et posthume reprend le manuscrit de 1836 que l'auteur considérait comme inachevé, auquel sont ajoutées treize pièces.

Transposer la peinture dans la poésie

Le titre initial « Bambochades romantiques », retenu dès 1828 pour l'éditeur Sautelet – qui fait faillite peu de temps après – vient du surnom du peintre hollandais Pieter van Laer (1599-1642), dit Il Bamboccio (« le pantin »), célèbre pour ses tableaux de scènes populaires et burlesques de la vie à Rome. Dans l'avant-propos, « Gaspard de la Nuit » – nom donné au mystérieux promeneur – vient s'asseoir près du poète, un jour, « dans le jardin de l'Arquebuse » à Dijon, sa ville natale : l'inconnu, dont « [la] physionomie narquoise, chafouine et maladive » rappelle celle de Bertrand lui-même, déclare son amour pour Dijon, discourt sur l'art et le diable, puis lui confie un manuscrit intitulé précisément Gaspard de la Nuit, pseudonyme de Satan.

Le sous-titre revendique paradoxalement le patronage d'un Rembrandt méditatif et philosophe, et celui de Jacques Callot, caricaturiste et fanfaron. La courte préface loue la peinture flamande et hollandaise de Van Eyck à Van Ostade, mais aussi allemande, italienne, espagnole ou suisse (Dürer, Salvator Rosa, Murillo, Füssli). Une facétieuse dédicace « À M. Victor Hugo », du « 20 septembre 1836 », précède les cinquante et un poèmes en prose, répartis en six « livres » : « École flamande », « Le Vieux Paris », « La Nuit et ses prestiges », « Les Chroniques », « Espagne et Italie », « Silves ». Un dernier envoi, narquois, dédié « À M. Charles Nodier » ferme ces « pages souffreteuses » où « le diable, pour en finir, rafle joueurs, dés et tapis vert ».

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Écrit par

  • : professeur agrégé, docteur ès lettres, écrivain

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Autres références

  • BERTRAND ALOYSIUS (1807-1841)

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    • 921 mots

    Brunetto Latini opposait « la voie de la prose, large et pleinière si comme est ore la parleure des gens » et « li sentiers de rime, plus estroiz et plus fors ». Pourtant, la phrase française connut, au Moyen Âge, sa période gothique, dont Aloysius Bertrand a tenté de retrouver le secret. Il n'est...