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BERGERY GASTON (1892-1974)

Né à Paris, Gaston Bergery fait des études de droit avant d'entrer dans le monde de la politique en 1918, comme secrétaire de la commission des Réparations. Il garde de ce premier poste un vif attrait pour les affaires extérieures qui resteront, sa vie durant, au centre de ses préoccupations politiques.

Chef de cabinet d'Édouard Herriot au ministère des Affaires étrangères de 1924 à 1925, il se définit d'abord comme un homme de gauche. Dès son adhésion au Parti radical, il s'oppose résolument à toute collaboration avec les partis de la droite, s'affirme ouvertement contre l'Union nationale et participe, aux côtés de Pierre Mendès France et de Pierre Cot, au groupe des « jeunes-turcs ».

Élu député de la Seine-et-Oise en 1928, il entre en conflit avec Édouard Herriot, commence à dénoncer, à la tribune du Palais-Bourbon, le développement du fascisme et se préoccupe de l'évolution de la politique extérieure de la France. Persuadé que l'attitude du gouvernement entretient et favorise le nationalisme allemand, il se prononce contre l'occupation de la Ruhr, pour la révision du traité de Versailles et pour l'abandon des réparations. En 1932, il est réélu député et sa participation à la conférence d'Amsterdam l'amène à adhérer, la même année, au mouvement d'Amsterdam-Pleyel, rassemblement pacifiste mondial, créé à l'initiative de Romain Rolland et de Henri Barbusse. L'hebdomadaire Monde, dirigé par Barbusse, et auquel collaborent, entre autres, Bertrand de Jouvenel, Daniel Guérin, Philippe Lamour, lui ouvre ses colonnes. En mars 1933, il quitte le Parti radical et fonde, deux mois plus tard, le Front commun, où il invite « tous les hommes de bonne volonté » à lutter contre la guerre, contre le fascisme, pour la justice sociale. Au lendemain du soulèvement national du 6 février 1934, il abandonne son mandat de député, accusant la gauche majoritaire à la Chambre depuis 1932 de ne pas avoir réalisé son programme et, surtout, d'avoir cédé, lors de l'émeute, devant la droite et les représentants du fascisme en France.

Mais le mouvement frontiste et son organe La Flèche (fondé en 1934) vont bientôt « être soumis aux aléas du temps ». Les membres du comité directeur, qui réunit des personnalités aussi diverses que Paul Langevin, Bernard Lecache, Georges Bonnet, Jacques Doriot, Benoît Frachon, vont commencer à se diviser sur la question des alliances.

Le Front commun connaîtra des défections qui le réduiront à la taille d'une petite organisation. C'est surtout à partir de 1938 que le dirigeant « frontiste » va perdre ses alliés communistes, socialistes et radicaux. Gaston Bergery appartient en effet à cette minorité qui abhorre encore plus la guerre que le fascisme. Pendant les mois qui précèdent la guerre, il s'intègre à l'un des deux groupes qui, sous la férule de Georges Bonnet, manœuvrent en faveur de l'Allemagne. Et, au début de la guerre, il fait partie de ceux qui attisent le feu entre la France et la Russie.

Après la défaite, à Bordeaux, Gaston Bergery, avec Marquet et Laval, mène campagne contre le régime parlementaire. Il devient vite un des principaux collaborateurs du maréchal Pétain.

Membre du Conseil national de ce dernier, il rédige lui-même la déclaration du 7 juillet 1940 et inspire le « message » du maréchal du 11 août 1940. Décoré de la Francisque, il est successivement ambassadeur de Vichy à Moscou (1941), puis à Ankara (1942-1944).

Après la guerre, acquitté par la Haute Cour de justice, Gaston Bergery ne reprend pas d'activité politique. Il retourne au barreau où il se spécialise dans le droit international privé.

— Paul MORELLE

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