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CUSIN GASTON (1903-1993)

Commissaire honoraire de la République et ancien secrétaire général du ministère de l'Économie nationale en 1945, Gaston Cusin a incarné la capacité de la haute fonction publique à s'engager, mais aussi à imposer une certaine vision technocratique du bien de la nation.

Né à Annecy, le 15 juin 1903, ce fils d'un fonctionnaire des Douanes est lui-même contrôleur dans cette administration à l'âge de dix-neuf ans. Receveur des Douanes en 1930, il a déjà été deux fois admissible à l'inspection des Finances, en 1934 et en 1935, lorsqu'il devient sous-chef du cabinet du ministre des Finances du Front populaire ; Vincent Auriol le charge de la réforme du statut de la Banque de France et salue en lui le « tombeur des Régents ».

Ses relations dans les Douanes lui font jouer un rôle de coordinateur de l'aide à la République espagnole entre 1936 et 1939, malgré la règle officielle de non-intervention. Chef du service du blocus en avril 1940, il est rétrogradé par Vichy et emprisonné en 1942 avant d'être un militant actif de la C.G.T. clandestine, de Libération-Nord et du N.A.P. (Noyautage des administrations publiques), tout en ayant des liaisons avec les agents du colonel britannique Buckmaster. Nommé clandestinement commissaire de la République pour la région de Bordeaux le 3 octobre 1943, il occupe ce poste avec dix responsables de secteurs d'activités et le concours de son zélé directeur de cabinet, Maurice Papon, en poste comme secrétaire général de la préfecture de la Gironde depuis 1942. Pour Cusin, arrivé dans un département où la Résistance a été décapitée, la connaissance du terrain que possède Papon est utile. Aussi, quand la question de son rôle dans les rafles de juifs sera posée en 1981, Cusin soutiendra son ancien collaborateur, le tenant quitte des actes qui lui sont imputés (son assistance aux convois vers Drancy et Auschwitz) en raison de ses actions ultérieures. Celles-ci avaient permis à Papon de devenir préfet des Landes, pour ordre, dès août 1944, puis de rappeler comme sous-préfet de Blaye, en Gironde, son subordonné Pierre Garat, ex-chef du service des questions juives. La nécessité d’utiliser les cadres de l’État français fut reflétée, dans un colloque tenu en 1994, par le préfet Jean Morin, directeur du personnel du ministère de l’Intérieur en 1944, puis en octobre 1997, lors du procès de Maurice Papon, par le commissaire de la République Claude Bouchinet-Serreulles, qui avait installé les préfets en zone sud.

Secrétaire général de l'Économie nationale le 28 avril 1945, après la démission du ministre Mendès France, il donne la priorité à l'importation de matières premières et d'équipements pour près de 125 milliards de francs. Il tente aussi de codifier la politique des salaires et des prix par l'ordonnance du 30 juin 1945, dont l'application durera des décennies. Inspecteur général de l'Économie nationale en juin 1946, haut-commissaire de la République en A.-O.F. en juin 1956, il siège ensuite au Conseil d'État (août 1959) et au Conseil économique et social, de 1964 à 1974.

— Charles-Louis FOULON

Biographie

Fondation Charles de Gaulle, Le Rétablissement de la légalité républicaine, 1944, Complexe, Bruxelles, 1996.

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Écrit par

  • : docteur en études politiques et en histoire, ancien délégué-adjoint aux célébrations nationales (ministère de la Culture et de la Communication)

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