DUPOUY GASTON (1900-1985)
Gaston Dupouy (Toulouse, 1900-Marmande, Lot-et-Garonne, 1985), physicien, directeur général honoraire du C.N.R.S., membre de l'Académie des sciences depuis 1950, a été le pionnier de la microscopie électronique à très haute tension.
Gaston Dupouy est confronté très jeune aux difficultés matérielles de l'existence. C'est à cette époque que se forge cette force de caractère que remarquaient tous ceux qui le connaissaient. Son enthousiasme pour la physique naît au lycée de Mont-de-Marsan. Après une licence de physique obtenue à Paris en 1920, il devient auditeur à l'École normale supérieure où il suit les leçons des grands savants de l'époque : Marie Curie, Jean Perrin, Paul Langevin.
Agrégé en 1922, il travaille dans le domaine du magnétisme et de ses applications aux côtés d'Aimé Cotton. Toute sa vie sera marquée par ce « maître » dont il aimait à rappeler le souvenir. Assistant de physique à la Sorbonne en 1927, il obtient le grade de docteur ès sciences physiques en 1930. Il est alors choisi par Aimé Cotton comme directeur adjoint du Laboratoire du grand électroaimant de l'Académie des sciences à Bellevue.
En 1937, après un court passage de deux années à Rennes comme maître de conférences, il est nommé professeur titulaire dans la chaire de physique de la faculté des sciences de Toulouse. Durant toute sa carrière toulousaine, la clarté de son enseignement laisse un souvenir indélébile aux étudiants qui ont le privilège d'assister à ses cours.
Poursuivant ses recherches sur les électroaimants et leurs applications, il construit durant les années difficiles de la guerre le premier microscope électronique français à lentilles magnétiques. Cette réalisation devait permettre à son laboratoire toulousain de jouer un rôle d'avant-garde dans ce domaine. Gaston Dupouy se lançait ainsi dans l'exploration de l'infiniment petit, voie qui devait le rendre célèbre dans le monde entier.
Nommé en 1945 doyen de la faculté des sciences, il est désigné en 1950 pour prendre la direction du C.N.R.S. Durant les sept années passées à Paris, il réforme profondément les structures de cet organisme et accomplit en tant que directeur puis directeur général une œuvre immense. Sous son impulsion, vingt et un laboratoires sont construits, les crédits sont multipliés par cinq et les effectifs en personnel sont pratiquement doublés. L'efficacité qu'il manifeste dans son œuvre d'administrateur de la recherche est reconnue par tout le monde scientifique français.
De retour à Toulouse, à cinquante-sept ans, à l'âge où certains commencent à songer à la retraite, il se lance dans l'aventure de la microscopie à très haute tension. Il crée un grand laboratoire, réunit une équipe et, malgré les prédictions les plus sombres, dirige la construction d'un microscope à un million de volts puis, dix ans plus tard, celle d'un appareil à trois millions de volts. Ses efforts sont couronnés de succès. Sa notoriété attire à Toulouse des scientifiques de tous les pays venant travailler à ses côtés sur ces microscopes uniques au monde. C'est avec une légitime fierté qu'il aimait à parler de son « enfant chéri » : le Laboratoire d'optique électronique de Toulouse. À soixante-dix ans, atteint par la limite d'âge, il quitte ses fonctions de directeur et de professeur mais n'interrompt pas ses recherches. Ses élèves continuent à le rencontrer toutes les semaines dans les couloirs de « son » laboratoire. Il participe à des conférences et à des congrès internationaux dans le monde entier où il est écouté et où sa connaissance profonde de la microscopie électronique est reconnue et appréciée de tous.
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Écrit par
- Jean-Louis BALLADORE : professeur à l'université Paul-Sabatier, Toulouse
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