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EYSKENS GASTON (1905-1988)

Homme politique belge, plusieurs fois ministre dans les années 1950 et 1960. Issu de la petite bourgeoisie campinoise – son père était délégué commercial d'une firme de textiles fondée par son oncle –, Gaston Eyskens entame en 1931 une carrière professorale à l'université catholique de Louvain, où il enseignera l'économie politique pendant près de quarante-cinq ans et innovera en accordant une place importante aux problématiques et politiques régionales ; simultanément, il fréquente les cercles flamingants les plus actifs dans la jeunesse universitaire. Cofondateur de l'hebdomadaire Nieuw Vlaanderen en 1934, il est en 1935 un des négociateurs de l'accord passé entre catholiques flamands et nationalistes flamands en vue d'instaurer un régime fédéral en Belgique.

Élu député catholique de Louvain en 1939, il est ministre (aux Finances) pour la première fois en 1945, pour quelques mois, et retrouve le même poste en 1947-1949, dans une coalition avec les socialistes où il est le chef de file des sociaux-chrétiens. Il devient pour la première fois Premier ministre, à la tête d'une coalition avec les libéraux, en 1949-1950.

Tenu en suspicion par son propre parti après le dénouement de la question royale en 1950, il revient en force en 1958 dans une campagne électorale sociale-chrétienne pour un « plan clé » auquel son nom est étroitement associé. Alors qu'on lui prête une nette préférence pour une alliance avec les socialistes, il devient Premier ministre d'abord d'un gouvernement social-chrétien homogène (qui est minoritaire dans une des deux Chambres) puis d'un gouvernement de coalition avec les libéraux, qui est au pouvoir lors de l'application du pacte scolaire négocié entre les trois grands partis nationaux, lors de l'accession du Congo à l'indépendance et lors de la grande grève de l'hiver de 1960-1961 menée contre le projet gouvernemental de « loi unique ». Très réservé à l'égard de la coalition suivante, le gouvernement Lefèvre-Spaak, dit « travailliste » (1961-1965), il redevient ministre des Finances en 1965-1966, le temps de qualifier le budget de l'État de « train fou lancé dans le brouillard ».

Au nombre des rares sociaux-chrétiens flamands à faire preuve de modération lors de la crise relative à la présence en région flamande de la section française de l'université catholique de Louvain, Gaston Eyskens redevient Premier ministre en 1968, à la tête d'une coalition avec les socialistes qui va présider à la troisième révision de la Constitution belge. Alors que le gouvernement ne dispose pas au Parlement de la majorité requise des deux tiers, il va réussir à trouver les appoints nécessaires dans les groupes de l'opposition et va étonner le monde politique en faisant preuve de qualités de négociation qu'on ne lui reconnaissait guère.

Le passage à la situation nouvelle qui va alors être consacrée dans la Constitution révisée, il le résume en une formule expressive : « L'État unitaire, tel que les lois le régissent encore dans ses structures et son fonctionnement, est dépassé par les faits. Les communautés et les régions doivent prendre leur place dans les structures rénovées de l'État, mieux adaptées aux situations spécifiques du pays. » En 1973, le roi accorde le titre de vicomte à Gaston Eyskens, qui était ministre d'État depuis 1963. Ayant quitté la vie politique active, il entre alors au conseil d'administration (qu'il présidera de 1974 à 1980) de la grande banque catholique flamande, la Kredietbank, dont il avait été commissaire aux comptes quelque quarante ans plus tôt. Il boucle ainsi une carrière au cours de laquelle la confiance du mouvement ouvrier chrétien de son arrondissement ne lui a, par ailleurs, jamais fait défaut.

— Xavier MABILLE

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Écrit par

  • : président-directeur général du Centre de recherche et d'information sociopolitiques, Bruxelles

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