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LITAIZE GASTON (1909-1991)

Avec Maurice Duruflé et Jean Langlais, Gaston Litaize était un des plus illustres représentants de la génération d'organistes français qui, formée par Charles Tournemire, Louis Vierne et Marcel Dupré, propagea l'art de César Franck dans le monde entier.

Originaire des Vosges, il naît aveugle le 11 août 1909 à Menil-sur-Belvitte. Il fait ses études à l'Institut national des jeunes aveugles (1926-1931), puis au Conservatoire de Paris, où il travaille l'orgue et l'improvisation avec Marcel Dupré (premier prix en 1931), le contrepoint et la fugue avec Georges Caussade (premier prix en 1933), la composition avec Henri Büsser (premier prix en 1937) et l'histoire de la musique avec Maurice Emmanuel. Une de ses premières œuvres, la légende musicale Fra Angelico, lui vaut le prix Rossini en 1936. Il est le premier compositeur aveugle couronné au concours de Rome (deuxième grand prix en 1938). Mais c'est principalement vers une carrière d'organiste qu'il se dirige : il est successivement titulaire à Saint-Léon de Nancy et à Saint-Cloud avant d'être nommé, en 1946, aux grandes orgues de Saint-François-Xavier, à Paris, poste qu'il conservera jusqu'à la fin de sa vie. Il est également responsable du service de musique religieuse à la Radiodiffusion nationale et à l'O.R.T.F. (1944-1975) et titulaire de l'orgue de l'auditorium 104 de la Maison de la radio. Il mène parallèlement une carrière internationale de concertiste et de pédagogue. Il fait sa première tournée aux États-Unis en 1957 et joue régulièrement en Europe du Nord. En France, il enseigne à l'Institut national des jeunes aveugles (1938-1969) puis au conservatoire de Saint-Maur. Parmi ses élèves figurent Almut Rössler, Heinz Lohmann, René Saorgin, Georges Robert et Olivier Latry. Il meurt à Bruyères (Vosges) le 5 août 1991.

Au sein d'une génération d'organistes qui recherchait davantage l'expression dans la couleur de l'harmonie et de la registration, Litaize se distinguait par son sens du rythme et de la construction. Il possédait une étonnante technique, et ses improvisations restent des pièces d'anthologie. Héritier d'une tradition d'interprétation étroitement liée aux instruments de Cavaillé-Coll, il s'est illustré dans le répertoire de l'école franckiste : Bach, Franck et ses disciples, Widor, Vierne, Tournemire... Mais il fut aussi l'un des premiers à exhumer la musique d'orgue du Grand Siècle et il remporta, en 1955, un grand prix du disque pour son enregistrement de la Messe pour les paroisses de François Couperin. En tant que compositeur, son style plus sensible, moins brillant, semble se démarquer de celui de ses aînés, dont il ne conserve qu'un sens aigu du contrepoint. Il a surtout écrit pour son instrument, et ses pièces figurent au répertoire de la plupart des organistes : Douze Pièces (1931-1937), Messe basse pour tous les temps (1948), Noël basque (1949), Cinq Pièces liturgiques (1951), Vingt-Quatre Préludes liturgiques (1954), Grand-Messe pour tous les temps (1956), Prélude et danse fuguée (1964). Il est aussi l'auteur d'une Sonate pour piano (1935), d'un Concertino pour piano et orchestre de chambre (1937), d'une Suite pour deux pianos (1940-1941) et d'une Symphonie pour orgue et orchestre (1943). Dans le domaine de la musique vocale, on lui doit une Missa solemnior (1954) pour chœur et orgue, une Missa Virgo gloriosa (1959) pour trois voix mixtes et orgue et une Messe solennelle en français (1966, l'une des premières messes en langue vernaculaire écrites après le concile de Vatican II) pour schola, assemblée et orgue.

On pourra consulter : Sébastien Durand, Gaston Litaize, 1909-1911 : un Vosgien aux doigts de lumière, éd. Serpenoise, Woippy (Moselle), 1996.

— Alain PÂRIS

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Écrit par

  • : chef d'orchestre, musicologue, producteur à Radio-France

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