GASTORNIS ou DIATRYMA

Le régime alimentaire de Gastornisenfin élucidé

Pour résoudre le problème du régime alimentaire de Gastornis, Delphine Angst, de l'université Claude Bernard-Lyon 1, et ses collaborateurs (D. Angst et al., « Isotopic and anatomical evidence of an herbivorous diet in the Early Tertiary giant bird Gastornis. Implications for the structure of Paleocene terrestrial ecosystems », in Naturwissenschaften, vol. 101, pp. 313-322, 2014) ont utilisé deux méthodes : l’une géochimique et l’autre morphofonctionnelle (permettant de faire une relation entre forme et fonction).

Les chercheurs ont d’abord analysé la composition isotopique du carbone (c’est-à-dire la proportion relative entre les deux isotopes stables ¹³C et ¹²C) conservé dans des fossiles de Gastornis et de mammifères (servant de témoins) provenant de plusieurs gisements paléocènes et éocènes français. En comparant ces rapports isotopiques avec ceux d’oiseaux herbivores et carnivores actuels, ils ont montré que Gastornisse nourrissait de végétaux. Parallèlement, l'étude de la musculature des mâchoires chez divers oiseaux actuels aux régimes différents a indiquéque chez les carnivores les muscles adducteurs (servant à fermer les mâchoires) sont peu développés (l'animal déchire la chair de ses proies avec la pointe de son bec et avale les morceaux sans les broyer), alors qu'ils sont puissants chez ceux qui se nourrissent de végétaux coriaces (qui sont cisaillés ou broyés par les mâchoires). Les insertions musculaires visibles sur la mandibule de Gastornis, sous forme de crêtes osseuses, indiquent que les muscles adducteurs étaient fortement développés. On peut donc en conclure que Gastornisse nourrissait de plantes et non de viande.

Ces deux approches indépendantes, qui indiquent que Gastornis était un herbivore, ont ainsi mis fin en 2014 à une énigme vieille de plus de vingt ans. Il faut donc renoncer à l'image très répandue par les ouvrages de vulgarisation d'un oiseau géant carnassier, terreur des petits mammifères.