GĀTHĀ
Nom donné en iranien ancien à un groupe de poèmes, en forme d'hymnes liturgiques, attribués par la tradition mazdéenne à Zarathuštra (Zoroastre) lui-même. Ces textes ont été intégrés à date ancienne dans l'Avesta, qui constitue, de nos jours encore, le corps des Écritures sacrées du zoroastrisme (ou mazdéisme). À ce titre, les Gāthā sont récités chaque jour dans le rituel mazdéen tel que le célèbrent les Parsis et les Guèbres. La doctrine exprimée par Zoroastre dans les Gāthā est celle d'un monothéisme rigoureux qui, probablement, faisait contraste avec le polythéisme de la religion de son temps. Le Dieu unique y est appelé Ahura Mazdāh (« le Seigneur Sage ») et Zoroastre nous le montre assisté dans sa tâche d'organisateur du monde par un Esprit Saint (Spenta Mainyu) en lutte perpétuelle contre un Esprit Malin (Angra Mainyu). Une série d'« archanges » apparaît également aux côtés d'Ahura Mazdāh ; les Gāthā les nomment Amesa Spenta (les « Immortels Bénéfiques ») : la Bonne Pensée, la Meilleure Rectitude, l'Empire Désirable, la Perfection, l'Intégrité, la Non-Mort. Ces « vertus » ne sont pas pour Zoroastre de simples noms divins, mais des personnes dignes de culte (en iranien : yazata) ; peut-être sont-elles la sublimation de quelques-uns des nombreux dieux du polythéisme iranien contre lequel lutta le fondateur ? De même, les Gāthā rejettent les sacrifices de bovins et l'offrande de haoma (boisson enivrante utilisée dans le rituel) qui étaient d'usage courant. On voit qu'en plusieurs domaines, et parmi les plus importants, les Gāthā prennent une position polémique : la tradition a donc raison de voir en elles la première expression du zoroastrisme, le reste de l'Avesta apparaissant plutôt comme une tentative d'ajustement de la religion ancienne à la réforme prêchée par le fondateur. Par voie de conséquence, les Gāthā présentent un caractère plus vivant, plus personnel que le reste de l'Avesta, où le style hiératique prévaut. Malheureusement, nous ne pouvons avoir qu'une vue approximative de la valeur littéraire des Gāthā parce qu'ils sont rédigés dans un dialecte dont ils représentent l'unique spécimen et dont toutes les difficultés n'ont pas été éclaircies.
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Écrit par
- Jean VARENNE : docteur ès lettres, professeur à l'université de Lyon-III
Classification
Autres références
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AVESTA
- Écrit par Jean de MENASCE et Georges PINAULT
- 1 900 mots
...oriental indépendant, qui se distingue plus par l'addition de ses particularités que par leur singularité. Le vieil avestique ou « gāthique » – langue des gāthās et de quelques autres prières – est l'idiolecte des derniers représentants (au moins 600 av. J.-C., et sans doute aux alentours de 1000 av. J.-C.)... -
DUALISME
- Écrit par Simone PÉTREMENT
- 6 159 mots
...construire en s'appuyant sur l'Avesta post-gâthique et les écrits pehlevis. Ce qu'on trouve dans le plus ancien document du zoroastrisme, les Gāthā, n'est pas si net. Non seulement la symétrie y est moins parfaite, mais il n'est pas sûr que le Mauvais Esprit y soit indépendant d'Ahura Mazdāh... -
ZARATHUSHTRA ou ZARATHUŠTRA
- Écrit par Jean VARENNE
- 715 mots
- 1 média
Nom véritable de celui que Platon (qui le premier révéla son existence à l'Occident) appelait Zoroastre. C'est ce qu'atteste l'Avesta, où le prophète se nomme lui-même à maintes reprises (dans les gāthā, hymnes qu'il composa en l'honneur de son dieu). La tradition...
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ZOROASTRISME
- Écrit par Jean de MENASCE
- 5 873 mots
De toute la littérature avestique, les Gāthā sont les textes les mieux assurés, en raison de leur dialecte, et les plus sacrés : provenant, selon la tradition, de Zarathuštra lui-même, et lourdes d'une autorité incontestée, elles sont actuellement insérées dans le Yasna, rituel du ...