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GAUCHE SOCIALISTE EN FRANCE DEPUIS 1945

Le socialisme français de l’après-guerre s’ancre dans une longue tradition historique, depuis l’héritage du mouvement ouvrier et des luttes sociales du xixe siècle, jusqu’à l’exercice du pouvoir par la SFIO de Léon Blum en 1936. L’unification de la famille socialiste et de ses diverses sensibilités (guesdistes, jauressistes, allemanistes, possibilistes… – se réclamant respectivement de Jules Guesde, Jean Jaurès, Jean Allemane, Paul Brousse…) s’est effectuée en 1905 sous la bannière de la SFIO (Section française de l’Internationale ouvrière). Mais cette unité socialiste s’est brisée au congrès de Tours de 1920, marqué par la création du Parti communiste français (PCF). Ce schisme a structuré durablement la gauche française et les choix stratégiques des socialistes, amenés à composer avec un rival plus radical qu’eux et plus ancré dans le monde ouvrier – leurs homologues allemands ou anglais ne connaissaient pas de concurrence équivalente, l’implantation des partis communistes britannique et germanique étant sans commune mesure avec celle du PCF. L’une des caractéristiques historiques du socialisme français est en effet son faible enracinement dans la classe ouvrière (hormis dans les fédérations populaires du Nord et du Pas-de-Calais), qu’il a eu tendance à compenser par une certaine intransigeance doctrinale (la matrice marxiste reste dominante jusqu’à la fin des années 1970), une méfiance à l’égard du pouvoir (conçu comme corrupteur et source de renoncements politiques) et un fort ancrage municipal (le socialisme municipal est, depuis la fin du xixe siècle, l’une des modalités principales de l’intégration des socialistes dans le système politique).

Alors que le PCF peinait encore à trouver sa place dans la France de l’entre-deux-guerres (il ne s’est affirmé électoralement qu’à partir des municipales de 1935), les élections législatives de 1936 ont fait de la SFIO la première force électorale de la gauche française et ont permis à Léon Blum de présider le gouvernement du Front populaire. Mais à la Libération, le PCF s’impose comme le parti dominant de la gauche française (il le restera jusqu’en 1978). Ainsi, jusqu’à la fin des années 1960, la position de la SFIO dans le jeu politique est malaisée : son soutien à la République, qu’elle estime menacée à la fois par les communistes et les gaullistes jusqu’en 1958, puis son hostilité aux institutions de la Ve République, ainsi que la permanence de son attachement à la doctrine marxiste originelle sont en effet des positions difficiles à concilier. Cependant, dès le début des années 1970, la question de la conquête du pouvoir devient la principale tâche que se fixe le socialisme français, jusqu’à ce que l’élection de François Mitterrand à la présidence de la République, en 1981, renverse les perspectives.

François Hollande devant la photo de François Mitterrand, 2006 - crédits : Pool Lafargue/ Luyssen/ Gamma-Rapho

François Hollande devant la photo de François Mitterrand, 2006

En effet, le mouvement socialiste a longtemps été dominé à double titre : il était minoritaire non seulement au sein de l’espace politique français, mais également au sein de la gauche. À partir de 1981, le Parti socialiste devient la principale force de la gauche française et remporte à plusieurs reprises l’élection présidentielle. Cette « gouvernementalisation » du socialisme et l’exercice du pouvoir ont de lourdes conséquences. Ils conduisent à des révisions idéologiques et identitaires déchirantes. Le Parti socialiste, fondé en 1971 à Épinay, est frappé par des crises récurrentes, même s’il fait preuve d’une forte résilience et se trouve confronté à des questions de plus en plus insolubles. Quelle alternative le socialisme peut-il porter dans une économie ouverte, libérale et mondialisée ? Peut-il infléchir le cours d’une construction européenne à laquelle il s’identifie, mais qui transfère l’essentiel des pouvoirs à un niveau où la social-démocratie pèse peu ? L’exercice du pouvoir (1981-1986, 1988-1993, 1997-2002, 2012-2017)[...]

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Écrit par

  • : professeur de science politique à l'université de Lille
  • Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

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Médias

François Hollande devant la photo de François Mitterrand, 2006 - crédits : Pool Lafargue/ Luyssen/ Gamma-Rapho

François Hollande devant la photo de François Mitterrand, 2006

Guy Mollet, 1947 - crédits : Keystone-France/ Gamma-Rapho

Guy Mollet, 1947

Vincent Auriol - crédits : Keystone-France/ Gamma-Rapho/ Getty Images

Vincent Auriol