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GAUMONT

Le Français Léon Gaumont (1864-1946) est un industriel établi dans le matériel photographique lorsqu'il décide de financer les travaux de Georges Demen̈y sur l'image animée. Sa secrétaire, Alice Guy, passe à la réalisation dès 1896. Fabricant de matériel, Gaumont produit des films burlesques et des saynètes comiques, des petites fictions, qui alimentent un marché naissant, tandis que sont lancées bien des expériences : dessins animés d'Émile Cohl, recherches sur le son et la couleur. Les metteurs en scène Léonce Perret, Louis Feuillade, Jean Durand, Henri Fescourt œuvrent dans un grand studio installé en 1905 à Paris dans la cité Elgé (les usines Gaumont) – modernisé, il deviendra en 1953 le fameux studio de télévision des Buttes-Chaumont avant d'être détruit en 1990. Gaumont crée des agences et des filiales dans une vingtaine de pays, produit des actualités cinématographiques, constitue un circuit de salles de cinéma, dont à Paris, place de Clichy, le célèbre Gaumont-Palace (3 400 places). De nombreux succès portent la marque Gaumont : Fantômas (1913-1914), Les Vampires (1915-1916), Judex (1917) de Louis Feuillade...

Une « major » à la française

Jusqu'à la Première Guerre mondiale, Gaumont est, au côté de Pathé, une des firmes qui dominent le cinéma international, et détient des parts de marché importantes en Europe et aux États-Unis. La guerre sonne le glas de la puissance du cinéma français, et c'est le déclin. La Metro Goldwyn Mayer, intéressée principalement par le réseau de salles, entre dans le capital de Gaumont, qui va délaisser la production en 1927. Les efforts de Léon Gaumont associé à des ingénieurs danois pour se relancer dans le cinéma parlant le conduisent à l'échec ; il perd en 1930 le contrôle de sa société au profit d'un groupe financier animé par Corniglion-Molinier, producteur (il fera Drôle de drame, Courrier Sud, et Sierra de Teruel de Malraux), futur officier de la France libre et ministre de la IVe République. S'opère alors la fusion de plusieurs firmes sous le nom de Gaumont-Franco-Film-Aubert qui adjoint aux installations de Gaumont les studios de Saint-Maurice et ceux de la Victorine à Nice. La GFFA abandonne ses dernières succursales étrangères et la fabrication de matériel, distribue (par exemple, L'Atalante de Vigo) mais produit peu ; elle lance France-Actualités-Gaumont sous la direction de Germaine Dulac, et se renforce dans l'exploitation.

Malgré ce recentrage, la société est lourdement endettée, et doit déposer son bilan en 1935. En 1938, un consortium rassemblant l'agence Havas (collaboratrice des actualités cinématographiques), plusieurs banques, l'agence Publicis, la Compagnie des compteurs (active dans la radio et les recherches sur la télévision) reprend les actifs et repart sous le pavillon Gaumont. Pendant l'Occupation, le pouvoir passe à la Compagnie des compteurs ; la nouvelle société parvient à régler les dettes de l'ancienne et Gaumont redevient dans les années 1950 une major à la française, intégrant studios, production, et distribution, et possédant un circuit de 35 salles dans les grandes villes françaises. C'est une époque de succès populaires sous la houlette d'Alain Poiré (petit-fils de l'ancien P-DG de Havas, entré chez Gaumont en 1938) : films d'Henri Decoin, Gérard Oury, Christian-Jaque, Georges Lautner, Yves Robert – sans oublier la série des Caroline chérie, commencée en 1951, les films de cape et d'épée d'André Hunebelle, l'avènement du comique Louis de Funès et les films dialogués par Michel Audiard.

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