GAUMONT
De Gaumont à Pathé
Après le rachat de la Compagnie des compteurs par le groupe Schlumberger, Gaumont est repris en 1974 par Nicolas Seydoux, un des héritiers Schlumberger. Assisté par Daniel Toscan du Plantier, le nouveau P-DG modernise la branche exploitation, crée des filiales à l'étranger, s'intéresse à la production télévisuelle. Sans rompre avec la stratégie Poiré (Sophie Marceau dans La Boum, nouveaux acteurs comiques comme Pierre Richard), Toscan engage Gaumont dans une politique mêlant prestige et élargissement du public – stratégie dont les prototypes pourraient être les films de Maurice Pialat (Loulou, 1980 ; A nos amours, 1983), Robert Bresson (Le Diable, probablement, 1977), Alain Corneau (Série noire, 1979), Michel Deville (La Petite Bande, 1983), ou Joseph Losey (Don Giovanni, 1979), et qui s'incarne aussi dans la coproduction de films de Federico Fellini, Francesco Rosi, Luigi Comencini, Ettore Scola, Marta Meszaros. Dans les années 1980, Gaumont se veut un groupe plurimedia, présent dans la musique (Erato), la presse (Le Point), la télévision.
Les difficultés financières entraînent en 1985 l'éviction de Toscan du Plantier et l'abandon de la politique de diversification. La comédie reste un produit maison (avec le tandem Depardieu-Richard, et d'autres grands succès comme Les Visiteurs, Le Dîner de cons, Le Placard), Gaumont bénéficiant en outre de sa collaboration avec Luc Besson, devenu indépendant en 2001.
Les énormes investissements consentis au cours des années 1990 pour la création de multiplexes fragilisent la société, qui cède du terrain. Elle abandonne la production télévisée en 1999, puis s'associe avec Pathé dans deux activités essentielles : c'est la fusion, en 2000, des deux branches exploitation (EuroPalaces, soit 66 % Pathé et 34 % Gaumont), puis des archives, riches d'environ 6 000 heures (dont Gaumont détient 57 %).
Le recentrage se poursuit, avec l’abandon définitif de la branche exploitation lorsque Pathé rachète en 2017 les parts de Gaumont dans Europalaces. Dès lors, l’enseigne est appelée à disparaître des façades de cinéma à partir de 2023 ; Gaumont n’est plus qu’une société de production et de distribution, continuant néanmoins à aligner les succès populaires principalement dans l’humour et le film familial – séries OSS 117 (trois titres entre 2006 et 2021) ; Belle et Sébastien (quatre titres entre 2013 et 2022) – et en encourageant un certain renouveau dans la comédie avec les films d’Olivier Nakache et Éric Toledano. Gaumont a largement renoncé à sa politique de diversification dans les médias bien qu’il ait relancé son activité dans les programmes télévisuels avec des séries, comme Lupin (2021), parfois ambitieuses, en coproduction internationale.
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Écrit par
- Daniel SAUVAGET : économiste, critique de cinéma
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