GAVR'INIS
L'île de Gavr'inis, qui fait partie de la commune de Larmor-Baden (Morbihan), est célèbre par son dolmen inclus dans un cairn, volume architectural extérieur composé de pierres empilées en granite. Le dolmen a été découvert en 1832, et Prosper Mérimée, inspecteur général des Monuments historiques, le visita en 1835. Le dolmen est d'une rare perfection, tant dans la construction que dans l'ornementation. Il entre dans la catégorie des « dolmens à couloirs » de type classique, c'est-à-dire avec chambre simple, mais bien différenciée du couloir. Ce qui caractérise Gavr'inis, avec quelques autres dolmens, c'est qu'il s'agit d'une construction purement mégalithique, où seules ont été employées, pour le sol, les parois et la couverture, de grandes et lourdes dalles. Cette construction est extrêmement soignée et témoigne d'une maîtrise de l'architecture rarement égalée dans la protohistoire. Le couloir est très long (13,80 m). Il est dallé de onze larges pierres, dont la cinquième et la onzième, en relief, forment un seuil ; la onzième, ornée sur ses faces latérales, sépare le couloir d'une belle chambre carrée. Sur les vingt-neuf dalles du couloir, vingt-trois possèdent une ornementation gravée très complète. Celle-ci consiste d'une part dans des lignes géométriques, avec courbes, arceaux, arêtes de poisson, qui s'emboîtent et remplissent tout l'espace ; d'autre part dans des représentations figurées classiques de l'art des dolmens : écussons (la dalle no 9 est entièrement décorée de ce motif), figures serpentiformes, arcs et flèches, haches (identifiables aux grandes haches en pierre rare), jougs, crosses, idoles qui sont intégrés au décor géométrique. Les panneaux sont dressés en registres verticaux ou horizontaux. On a découvert en 1983 sur la dalle de couverture un taureau piqueté qui date des environs de 4000 avant J.-C. Le décor qui orne les dalles du couloir, décor plus abstrait, est plus tardif (IVe-début du IIIe millénaire). On a pu se demander si cette ornementation n'avait pas une signification autre que funéraire, et si le grand dolmen lui-même, au centre de multiples dolmens du golfe du Morbihan, n'avait pas une fonction autre que sépulcrale.
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Écrit par
- Alain DUVAL : conservateur en chef du musée des Antiquités nationales, Saint Germain en Laye
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