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GAZ DE SCHISTE

Inconvénients et risques associés à l'exploitation des gaz de schiste

Mais en regard de ces avantages, il existe également des inconvénients qui sont parfois majeurs.

Du point de vue de l'environnement mondial et de la politique énergétique globale, si l'utilisation du gaz de schiste libère moins de CO2 qu'une centrale à charbon ou à pétrole, elle participe quand même au réchauffement climatique. De plus, le méthane est un puissant gaz à effet de serre. Chaque forage conventionnel de gaz présente un risque de fuite de méthane. Dans le cas d'un forage pour gaz de schiste, le risque est le même ; en outre ce type d'exploitation nécessite des dizaines de milliers de forages...

En outre face à la pénurie annoncée des ressources fossiles et aux impacts environnementaux de celles-ci, des réflexions et des travaux sont menés à la fois sur les énergies renouvelables et pour lutter contre les gaspillages énergétiques. L'exploitation des énergies fossiles non conventionnelles correspond à une fuite en avant qui risque fort de repousser encore plus les recherches concernant le changement de « mode de vie » énergétique.

En plus de ces inconvénients sociétaux et globaux, l'impact de l'exploitation des gaz de schiste sur l'environnement local et régional est loin d'être neutre. On peut relever trois inconvénients importants :

– Le « mitage » des écosystèmes et des paysages. La technique des forages horizontaux ne permettra d'extraire le gaz de schiste que sur quelques kilomètres carrés autour de chaque puits. Pour exploiter entièrement une couche horizontale, il est nécessaire de forer un puits tous les 1 à 4 kilomètres. Pour chacun d'entre eux, l'emprise au sol est de plusieurs milliers de mètres carrés pendant la période de forage ; en phase d'exploitation, celle-ci se réduit à plusieurs centaines de mètres carrés. Tout un réseau de voies d'accès devra relier ces puits pendant la période de forage pour permettre le passage d'engins et de camions. Il servira également lors de l'exploitation si le gaz est évacué par camions-citernes. Sinon, tout un réseau de gazoducs devra être construit, ainsi qu'un centre d'évacuation.

– Des perturbations-pollutions inévitables ou potentielles des écosystèmes et des aquifères superficiels. Le forage et la fracturation hydraulique exigent la mobilisation d'énormes quantités d'eau – de l'ordre 15 000 m3 par puits – qui devront être prélevées sur les ressources locales ou acheminées par camions-citernes. Au cours du forage, l'eau est injectée dans le puits, en ressort, est débarrassée de ses particules (d'où la nécessité de bassins de décantation), puis est ré-injectée et ainsi de suite. En fin de forage et après la fracturation hydraulique, environ 75 p. 100 de cette eau reste dans le forage et les fractures (le gaz monte à travers sous forme de bulles), mais 25 p. 100 en ressort et doit être évacuée. Cette eau contient, pour les besoins de l'extraction, des additifs parfois très polluants dont la composition est plus ou moins tenue secrète. De plus, au contact des argiles et des marnes noires, elle peut se charger d'éléments potentiellement toxiques emprisonnés dans ces roches. Notons en effet que, souvent, les argiles noires contiennent naturellement des métaux lourds, comme le cadmium et l'uranium, qui risquent d'être mobilisés et de remonter en surface avec l'eau. Des analyses en continu seront nécessaires pour surveiller ce phénomène. La dépollution de ces eaux et des boues de décantation sera nécessaire, difficile et coûteuse pour éliminer les additifs et les éventuels métaux lourds. Si le traitement est insuffisant, la contamination du milieu est inévitable.

– Un risque majeur de pollution des aquifères profonds. Le principe[...]

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Écrit par

  • : professeur de géologie à l'École normale supérieure de Lyon

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Effets de l'exploitation des gaz de schiste - crédits : Digital Globe/ Google Earth

Effets de l'exploitation des gaz de schiste

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