GAZA MÉDITERRANÉENNE, HISTOIRE ET ARCHÉOLOGIE EN PALESTINE (exposition)
L'exposition présentée à l'Institut du monde arabe à Paris du 13 septembre au 12 novembre 2000 sur Gaza méditerranéenne est la première qui ait jamais été consacrée à ce territoire exigu, enclavé entre Israël et l'Égypte, dont l'histoire est généralement ignorée et l'archéologie négligée.
Elle résulte d'un accord de coopération archéologique conclu en 1995 avec le ministère du Tourisme et des Antiquités de l'Autorité nationale palestinienne, très soucieux d'assurer la mise en valeur et la sauvegarde de son patrimoine archéologique. L'École biblique et archéologique française de Jérusalem s'était alors engagée, sous la direction du père Jean-Baptiste Humbert, dans un programme de fouilles en coopération avec le Département des Antiquités de Gaza. L'exposition présentait le bilan de ces cinq années de travaux. Le programme de fouilles mis en œuvre était d'autant plus diversifié qu'il y avait urgence : il fallait prendre de vitesse les travaux de construction qui, depuis 1995, se développent à Gaza à un rythme effréné, entraînant la destruction de nombreux vestiges archéologiques.
La moisson de ces recherches est d'une étonnante richesse. Car la ville a un passé glorieux : son histoire est liée à celle des grandes civilisations qui se sont succédé en Méditerranée orientale au long de cinq millénaires d'histoire ; elle fut longtemps le débouché de l'Arabie Heureuse dans la Méditerranée, qui tenait Pétra pour son arrière-pays et donnait accès à la route des Indes.
Aujourd'hui territoire autonome palestinien, appelée à devenir le port méditerranéen de la Palestine, Gaza redécouvre la mer qui fit sa fortune historique. Pourtant, sa vocation maritime fut tardive. Jusqu'au viiie siècle avant J.-C., elle assuma son rôle de porte de l'Asie pour les Égyptiens, point de passage obligé sur l'unique voie de communication entre l'Égypte et la Palestine. Dès la fin du IVe millénaire, les premiers pharaons s'intéressaient à la région et y installèrent des colons. Un choix d'objets évoquait les premiers résultats des fouilles commencées en 1999 à Tell es-Sakan, un établissement des IVe-IIIe millénaires situé au sud de la ville moderne. Dès environ 3000, les premiers Cananéens y remplacèrent les Égyptiens. Au IIe millénaire, le site voisin de Tell el-ʻAjjul entretenait déjà des contacts nombreux avec l'ensemble de la Méditerranée orientale. La fondation de la ville ancienne de Gaza remonte au milieu du IIe millénaire. C'est de là que les Égyptiens administrèrent leur province de Canaan du xve au xiie siècle. Après leur départ, Gaza devint l'une des cinq cités des Philistins, « Peuple de la mer » qui donna son nom à la Palestine.
Ce n'est qu'au viiie siècle avant J.-C. que fut fondée Blakhiyah, son premier port, exploré par la Mission franco-palestinienne. Mais c'est seulement de l'époque de la domination perse, à partir de 530 avant J.-C., que date la mise en place du grand commerce international qui assura la fortune de la ville. La voie maritime n'était plus désormais la seule route commerciale : elle était rejointe à Gaza par une route nouvelle, transarabique, qui acheminait les denrées d'Arabie, d'Afrique orientale et des Indes. Dès lors, Gaza s'est trouvée à la croisée des grands courants d'échanges qui traversaient la Méditerranée orientale. L'époque hellénistique fut marquée par le développement, auprès du port, d'une ville basse, Anthédon, qui sera supplantée à l'époque romaine par l'établissement de Maiumas, quartier maritime de Gaza.
Une riche moisson d'objets issus des fouilles de Blakhiyah illustrait dans l'exposition le rôle de Gaza dans ce commerce international de l'époque perse à l'époque[...]
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Écrit par
- Pierre de MIROSCHEDJI : directeur de recherche au C.N.R.S., directeur du Centre de recherche français de Jérusalem
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