GAZETTE LA, puis GAZETTE DE FRANCE
Journal parisien paru du 30 mai 1631 au 30 septembre 1915. Théophraste Renaudot n'est pas le créateur de la presse périodique en France, mais il reste bien le fondateur du premier grand journal français, La Gazette. Le premier périodique français, Nouvelles ordinaires de divers endroits, naquit en janvier 1631 : il était édité par deux libraires parisiens, Jean Martin et Louis Vendosme, et son texte était pour l'essentiel la traduction de feuilles d'informations périodiques éditées dans les Pays-Bas ou en Allemagne ; la France avait, en la matière, plus de vingt ans de retard. Renaudot publia le premier numéro de sa Gazette hebdomadaire le 30 mai 1631. Fort de l'appui de Richelieu et du père Joseph, il obtint, le 11 octobre 1631, un privilège d'exploitation en France de ce type d'écrit, ce qui lui permit d'absorber les Nouvelles ordinaires dans sa Gazette, dont elles formèrent durant plusieurs années une sorte de complément.
De petit format (23 × 15 cm), de quatre puis huit et parfois douze pages, La Gazette n'était qu'un recueil de nouvelles et de documents officiels, sans commentaire. Les nouvelles de l'étranger y occupaient toujours au moins les deux tiers du texte imprimé. C'était une feuille officielle : elle servit à Richelieu d'instrument de propagande et d'organe pour l'expression de sa politique étrangère et intérieure. Renaudot éditait aussi, à l'occasion, des suppléments « extraordinaires ». Il publia, dès juin 1632, une feuille d'annonces, la Feuille du bureau d'adresses, et reprit, à partir de 1639, la publication du Mercure français, recueil annuel qui résumait les événements de l'année écoulée et qui remontait à 1611.
La nouveauté de La Gazette lui valut un succès durable ; elle tira, semble-t-il, jusqu'à huit cents exemplaires dans les années 1640. Tous les ans, Renaudot publiait en livre ses Gazettes de l'année et, dans les préfaces de ces volumes, il sut remarquablement exposer les buts et les difficultés du journalisme : « L'histoire est le récit des choses advenues, la gazette seulement le bruit qui en court [...]. Je prie les princes et les États étrangers de ne point perdre inutilement le temps à vouloir fermer le passage à mes nouvelles dont le commerce ne s'est jamais pu défendre et qui tient en cela de la nature des torrents qu'il se grossit par la résistance. »
Après la mort de Richelieu, Renaudot réussit à sauvegarder La Gazette qui faillit disparaître sous la Fronde. Ses fils Isaac et Eusèbe continuèrent sa publication après la mort de leur père en 1653, et elle resta jusqu'en 1762 entre les mains de ses descendants. À cette date, Choiseul l'annexa au ministère des Affaires étrangères : elle prit le titre de Gazette de France et devint bihebdomadaire ; elle conserva jusqu'en 1789 son caractère officiel et le monopole de l'information politique.
La Gazette de France, devenue un temps Gazette nationale de France, traversa sans éclat la Révolution et l'Empire. Après 1815, elle commença une longue carrière de quotidien monarchiste, légitimiste après 1830. La Première Guerre mondiale lui porta un coup fatal et elle disparut en septembre 1915 dans sa 285e année.
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Écrit par
- Pierre ALBERT : professeur émérite de l'université Panthéon-Assas
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