GEMMES
Les gemmes sont des minéraux que l'on taille et polit pour les usages de la bijouterie, de la joaillerie et de l'orfèvrerie précieuse. Pour être gemme, un minéral doit réunir diverses qualités : beauté, dureté, inaltérabilité. La beauté est évidemment conditionnée par des critères subjectifs déterminant la sélection de la matière première brute destinée à la taille. Mais le choix des lapidaires semble avoir été identique à des époques et dans des civilisations très différentes, certains critères n'ayant pas varié depuis plusieurs milliers d'années : intensité et vivacité de la couleur, transparence pour les gemmes monocristallines et homogénéité de couleur dans la masse ou, au contraire, zonations avec opposition de teintes diverses pour les variétés microcristallines semi-opaques.
On distingue parfois les gemmes proprement dites, qui peuvent être serties sur des montures, des pierres d'ornementation, destinées à la fabrication d'objets précieux. Parmi les gemmes, on réserve l'appellation de pierres précieuses au diamant, aux corindons (rubis et saphir) et à l'émeraude. Certaines roches et matières d'origine biologique sont rattachées aux gemmes en raison de leur utilisation en bijouterie (perles, surtout).
Les gemmes étant rares et leur demande forte, elles ont, de tout temps, été imitées (l'emploi des verres bleus imitant la turquoise remonte au IIIe millénaire). Ces contrefaçons, toujours reconnaissables, n'ont aucune valeur, comparées aux pierres naturelles, mais connaissent parfois des applications industrielles.
Historique
Afin de surmonter sa peur devant des phénomènes et fléaux naturels auxquels il attribuait des sentiments hostiles à son égard, l'homme de la préhistoire a été amené à matérialiser des défenses psychiques propres à le soulager de ses angoisses. Ces barrières de protection ont été concrétisées sous forme de divers rites magiques dont l'un des développements les plus remarquables a donné naissance à l'art de la glyptique. L'homme des premières communautés néolithiques attribua ainsi certains pouvoirs surnaturels à des pierres inaltérables et dures, se distinguant de leur environnement naturel par leur vive couleur qui, souvent, symbolisait un archétype de l'inconscient collectif (par exemple, cornaline rouge orangé = soleil levant = puissance = père).
Ces pierres furent très recherchées et devinrent l'une des premières monnaies régulières d'échange entre les nomades du désert et les habitants des communautés agraires stables qui considéraient ces objets comme capables de leur apporter bonheur, santé et richesse. Héritière des techniques de taille du silex et de l'art de la gravure sur os, ivoire et calcaire (dont les débuts remontent à l'époque aurignacienne), la glyptique, ou gravure sur gemme, prit naissance lorsque l'homme voulut accroître, en les gravant de signes magiques, les pouvoirs surnaturels des gemmes. Le sceau fut inventé au début du IVe millénaire avant J.-C., en Asie Mineure, lorsque l'homme supposa que ces pierres gravées étaient capables de communiquer leur puissance par simple impression sur un cachet d'argile apposé sur des objets domestiques, qu'il croyait ainsi préserver des voleurs et des autres calamités. Ce n'est que plus tard, avec l'apparition de l'écriture, que le sceau servit de signature. Son usage se généralisa dans toutes les anciennes civilisations, de l'Égypte à Sumer où, à la fin du IIIe millénaire avant J.-C., il prendra souvent la forme d'un cylindre percé pour être porté.
Les fouilles archéologiques révèlent que les gemmes circulaient d'une limite à l'autre du monde antique, et l'on pense qu'elles furent un important facteur de civilisation en raison des contacts humains qui accompagnaient leur prospection et[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Jean-Paul POIROT : directeur du service public du contrôle des diamants, perles fines et pierres précieuses de la Chambre de commerce et d'industrie de Paris
- Henri-Jean SCHUBNEL
: docteur ès sciences, maître assistant au Muséum national d'histoire naturelle de Paris, conservateur des collections minéralogiques au Muséum d'histoire naturelle de Paris, directeur général de la revue
Gemmologie
Classification
Médias
Autres références
-
AGATE
- Écrit par Yves GAUTIER
- 710 mots
- 1 média
Dioxydes de silicium, les agates appartiennent au groupe des quartz microcristallins, comme les calcédoines et les jaspes. Elles se distinguent facilement des calcédoines car elles présentent une coloration zonée concentrique, sinueuse ou bréchique. Elles peuvent être cependant confondues avec l'onyx...
-
AIGUE-MARINE
- Écrit par Yves GAUTIER
- 1 151 mots
- 1 média
-
ALMANDIN
- Écrit par Yves GAUTIER
- 330 mots
Nésosilicate de fer et d'aluminium, l'almandin est le grenat le plus commun. Il se présente sous forme de cristaux rhombododécaédriques, souvent centimétriques, de couleur rouge à rouge foncé avec des nuances violacées ou brunes.
Formule : Fe3Al2(SiO4)3 ; système : cubique ; dureté...
-
AMBRE
- Écrit par Christine FLON
- 1 674 mots
- 2 médias
Parmi les gemmes convoitées, l'ambre occupait autrefois une place particulière : alors qu'il fallait arracher à la terre la plupart des pierres précieuses, l'ambre s'offrait à l'homme comme un don de la mer qu'il suffisait de ramasser après chaque tempête. Dans la première moitié du III... - Afficher les 28 références