GEMMES
Techniques de taille
L'emploi des gemmes taillées à facettes est une mode relativement récente en Europe. Auparavant, on appréciait surtout les pierres gravées ou simplement polies en forme de cabochon. Dans l'Antiquité, pour fabriquer les cylindres-sceaux, on choisissait des pierres brutes de dimension et de forme assez voisines de celles de l'objet souhaité ; par usure, on obtenait d'abord le cylindre que l'on perçait, de part en part, avec des mèches en pierre, puis on gravait le décor à l'aide de burins, de grattoirs, de pointes emmanchées et de fraises mues par des archets (tous ces outils étaient en pierre). En Chine, pour le travail du jade, les outils étaient armés de corindon, et le polissage s'effectuait avec de la poudre de la matière travaillée. En Grèce, où l'on connaissait la dureté relative des minéraux, on utilisait la grande dureté du diamant pour la fabrication des intailles (gravure en creux) et des camées (gravure en relief). À Rome, l'invention du tour à pédale rendit la gravure plus aisée ; fraises et forets en acier étaient trempés dans un mélange d'huile et de poudre de diamant. La taille en cabochon était plus facile à réaliser que la gravure. Jusqu'au xiie siècle, celle-ci resta très primitive : on mettait en forme les gemmes de dureté moyenne collées sur un bâton, en les frottant à la main sur un polissoir en grès ; le polissage était terminé sur des plaques de plomb ou sur des peaux tendues enduites d'abrasif.
Dans la seconde moitié du xve siècle, Louis de Berquem réalisa les premières tailles régulières à 33 facettes du diamant à l'aide d'une meule horizontale en acier recouverte d'égrisé (poudre de diamant) délayé dans l'huile. Cette taille, améliorée un siècle plus tard par Vincent Peruzzi, deviendra, avec 57 facettes, la taille dite « brillant » qui, rendue plus parfaite grâce à la mécanisation des meules au xixe siècle, porte au maximum le scintillement coloré du diamant (feux). Pendant la Renaissance, on prend également l'habitude de tailler les pierres de couleur suivant des formes géométriques qui mettent en valeur leur couleur et leur vivacité.
La taille du diamant, de loin la plus compliquée, se décompose en plusieurs opérations : clivage (de moins en moins pratiqué) ; sciage à l'aide de minces disques en bronze phosphoreux enduits d'égrisé ; débrutage ou mise en forme de la pierre par usure mutuelle contre un autre diamant (cette opération était connue depuis l'Antiquité) ; pose des facettes.
Pour les pierres de couleur, l'opération de polissage est indépendante de la pose des facettes ; le choix de l'abrasif (alumine, égrisé, etc.) et du disque horizontal (étain, cuivre, bois, etc.) sont fonction de la dureté des pierres à tailler. Sur plusieurs centaines d'espèces minérales que l'on a taillées à facettes, une quarantaine seulement sont de nos jours couramment employées comme gemmes.
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Écrit par
- Jean-Paul POIROT : directeur du service public du contrôle des diamants, perles fines et pierres précieuses de la Chambre de commerce et d'industrie de Paris
- Henri-Jean SCHUBNEL
: docteur ès sciences, maître assistant au Muséum national d'histoire naturelle de Paris, conservateur des collections minéralogiques au Muséum d'histoire naturelle de Paris, directeur général de la revue
Gemmologie
Classification
Médias
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