GÉNÉALOGIE DES DEMOISELLES D'AVIGNON (repères chronologiques)
1906 Discutant l'influence de l'art primitif sur l'esthétique de Picasso, et plus particulièrement sur la rupture que représente sur ce point Les Demoiselles d'Avignon, Henri Matisse souligna perfidement qu'il avait l'habitude d'acheter des sculptures africaines chez un marchand de la rue de Rennes et qu'il en avait montré à Picasso peu après leur rencontre en 1906 chez Gertrude Stein.
Automne 1906 Picasso termine de mémoire le portrait de Gertrude Stein, s'inspirant notamment de l'art ibérique. Dans La Jeune Peinture française, publié en 1912, André Salmon se remémore une toile (Les Demoiselles d'Avignon) que Picasso avait commencée cette même année 1906 alors qu'en plein épanouissement de la période rose il remettait son art en question « Ce sont des problèmes nus, des chiffres blancs sur un tableau noir. C'est le principe posé de la peinture équation [...] La nouvelle toile fut spontanément baptisée par un ami de l'artiste le „B... philosophique“ ».
Juin 1907 C'est probablement à cette date que Picasso visita le musée du Trocadéro. En 1937, Picasso confiait à André Malraux : « Les Demoiselles d'Avignon ont dû arriver ce jour-là ». Les masques, dira Picasso, n'étaient pas des sculptures comme les autres, « Ils étaient des choses magiques. Des intercesseurs [...] contre tout ; contre des esprits inconnus, menaçants. [...] Ils étaient des armes. Pour aider les gens à ne plus être le sujet des esprits, à devenir indépendants. »
Octobre1907 L'ouvrage d'Émile Bernard Souvenirs sur Paul Cézanne et lettres inédites contient cette maxime de Cézanne généralement interprétée comme les prémices du cubisme : « Tout dans la nature se modèle selon la sphère, le cône et le cylindre. Il faut apprendre à peindre ces figures simples, on pourra ensuite faire ce qu'on voudra. » À Paris, le Salon d'automne consacre une rétrospective à l'œuvre de Cézanne, dont l'influence sur la conception des Demoiselles d'Avignon et sur le développement ultérieur du cubisme sera considérable.
Novembre 1907 Braque rencontre Picasso et observe, avec une admiration mêlée d'effroi, Les Demoiselles d'Avignon dans l'atelier de l'artiste. Début d'une amitié et d'une collaboration qui prendra fin, en 1914, avec la mobilisation de Georges Braque.
1908 À la suite des Demoiselles d'Avignon, Picasso termine Les Trois Femmes dont il avait ébauché dès l'automne 1907 une « version primitiviste ». À partir du printemps 1908 ses carnets de croquis attestent sa recherche d'une géométrisation des volumes qui caractérise la première phase du cubisme.
1910 Les Demoiselles d'Avignon est reproduit pour la première fois sous le titre Étude de Picasso dans un article du journaliste américain Gelett Burgess, intitulé « The Wild Man of Paris ». Dans l'article, il est question de « caricatures subafricaines, des personnages aux yeux de travers et aux jambes torses ».
1912 Apollinaire, évoquant l'esthétique cubiste dans un article intitulé « Du sujet dans la peinture moderne » déclare : « On s'achemine ainsi vers un art entièrement nouveau, qui sera à la peinture, telle qu'on l'avait envisagée jusqu'ici, ce que la musique est à la littérature. Ce sera de la peinture pure, de même que la musique est de la littérature pure. »
1916 Le mot Avignon apparaît pour la première fois lors de la première exposition de la toile au salon d'Antin organisé à Paris par André Salmon.
1920 La célèbre formule de Picasso, « L'Art nègre ? Connais pas. » est publiée dans la revue Action, au mois d'avril, revenant sur l'influence des arts africains sur Les Demoiselles d'Avignon.
1939 Le Museum of Modern Art à New York fait l'acquisition des [...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Hervé VANEL : professeur d'histoire de l'art contemporain à l'université de Brown, Rhode Island (États-Unis)
Classification