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GENÈVE

Suisse : carte administrative - crédits : Encyclopædia Universalis France

Suisse : carte administrative

Genève présente un contraste unique entre son poids démographique et son rayonnement international. En effet, d'après l'Office fédéral de la statistique, la commune centre comptait, en 2017, 202 000 habitants, le canton 493 000 et l'agglomération 950 000 ; mais elle est le deuxième siège permanent de l'ONU après New York, et la ville héberge de très nombreuses organisations intergouvernementales, organisations non gouvernementales de portée mondiale et multinationales.

L'histoire de Genève est celle d’une cité qui a prospéré en marge de plusieurs centres de pouvoir, exploitant une aptitude à l'échange et au refuge qui préparait les fonctions internationales actuelles. Elle accueillit de nombreux persécutés qui contribuèrent à son rayonnement, notamment le grand réformateur français Jean Calvin. Les périodes d'assimilation politique par des États centralisés ont représenté pour elle stagnation ou déclin. Sa méfiance vis-à-vis des pouvoirs extérieurs vise même la Suisse : il fallut attendre 1815 pour que Genève décide d'entrer dans la Confédération helvétique.

Elle en définit aujourd'hui les frontières les plus occidentales, formant une quasi-enclave politique dans le territoire français. Genève est internationale puisque son agglomération mord largement sur la France, ce qui impose une grande créativité dans les arrangements institutionnels nécessaires à la gouvernance partagée. Mais elle l'est encore plus par les organisations qui y sont installées, qu'elles dépendent ou non de l'ONU. L'Organisation mondiale du commerce y a son siège, ainsi que le Comité international de la Croix-Rouge, par exemple. Elle l’est enfin par la très grande proportion d’habitants de nationalité étrangère.

Si Genève a longtemps tiré avantage du franchissement alpin et du commerce entre l'Europe du Nord-Ouest et l'Italie, elle doit son évolution récente à de tout autres facteurs : le niveau de services, la diversité de sa population, la concentration d’entreprises et d’organisations de portée mondiale, ainsi que sa qualité de vie.

Histoire

Des origines à l'indépendance

Le Rhône et le centre-ville de Genève - crédits : AleksandarGeorgiev/ Getty Images

Le Rhône et le centre-ville de Genève

Genève naît au Néolithique, dans la rade du lac Léman où les populations préceltiques édifient une vaste cité lacustre. L'éperon de mollasse qui porte la haute ville actuelle commande le passage du Rhône, dans un double site d'oppidum et de pont. À partir du ve siècle avant notre ère, les Celtes en font un poste avancé, aux confins septentrionaux du territoire des Allobroges, et un village fortifié est bâti, au bord du chemin de crête de la colline. À la fin du iie siècle avant J.-C., la conquête romaine lui assigne le rôle d'oppidum, aux frontières de la Narbonnaise. La bourgade entre dans l'histoire en 58, sous son nom ligure latinisé en Genua, par une mention des Commentaires (De belloGallico) de César qui l'utilise comme base de résistance contre les Helvètes. Pendant les trois premiers siècles de notre ère, la paix romaine permet au carrefour routier qu'est Genève de jouer un rôle régional. Les communications convergent du nord par le plateau suisse, du Jura par le col de Jougne, du Valais et de l'Italie (Grand-Saint-Bernard) par les rives du lac, pour continuer vers l'axe rhodanien, à travers la cluse de Bellegarde-Nantua et l'avant-pays savoyard. Genève est un marché local que les Alamans menacent, puis ruinent, dès 259. Élevée par l'empereur Gratien au rang de civitas, elle est le siège d'un évêché suffragant de Vienne. De 443 à 534, c'est la capitale du royaume des Burgondes, envahisseurs germaniques sédentarisés et christianisés. La cité mène une vie effacée pendant les périodes franque et carolingienne. Après le partage de 870 (traité de Meersen), elle échoit à Louis le Germanique. Au cours du second royaume de Bourgogne[...]

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Genève (Suisse)
  • : professeur honoraire à l'université de Genève
  • : professeur à l'université de Savoie
  • Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Médias

Suisse : carte administrative - crédits : Encyclopædia Universalis France

Suisse : carte administrative

Le Rhône et le centre-ville de Genève - crédits : AleksandarGeorgiev/ Getty Images

Le Rhône et le centre-ville de Genève

Jean Calvin - crédits : Imagno/ Getty Images

Jean Calvin

Autres références

  • ARCHÉOLOGIE (Archéologie et société) - Aménagement des sites

    • Écrit par et
    • 5 946 mots
    • 3 médias
    Le plan proposé au visiteur instruit par la lecture du guide Genève aux premiers temps chrétiens reste très complexe. Il est en fait le résultat d'une recherche exhaustive rendue possible par la fixation des fondations de l'église au sol dur sous-jacent au moyen de centaines de micropieux et...
  • BÈZE THÉODORE DE (1519-1605)

    • Écrit par
    • 505 mots

    Successeur de Calvin et guide des huguenots lors des guerres de religion. Fils d'un bailli bourguignon, Théodore de Bèze mène d'abord, après des études juridiques à Orléans et à Paris, une vie de dilettante et de poète. Sa conversion et sa fuite à Genève (1548) lui permettent...

  • CALVIN JEAN (1509-1564)

    • Écrit par et
    • 5 330 mots
    • 3 médias
    ...études. La route directe de Paris en Alsace, par la Champagne, étant fermée par les guerres, il fut obligé de faire un détour par la Suisse. Arrivé à Genève, il pensait n'y passer qu'une nuit. Mais, sa présence ayant été signalée, il reçut à l'auberge la visite de Guillaume Farel...
  • DUFOUR GUILLAUME HENRI (1787-1875)

    • Écrit par
    • 450 mots

    Né à Constance, d'une très ancienne famille genevoise, Dufour est admis, après le rattachement de Genève à la France, à l'École polytechnique de Paris (1807-1809), puis à l'École du génie de Metz, d'où il sort premier de sa promotion. De 1810 à 1813, il fortifie l'île de Corfou et la défend...

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