GENÉVRIER COMMUN
Surtout connu de nos jours comme condiment de la choucroute et aromate du gin, le genévrier commun (Juniperus communis L. ; cupressacées) aux « baies » bleues (galbules)a un long passé parmi les simples. Répandu dans la plus grande partie de l'Europe, il a servi très tôt de remède. En le prescrivant contre les rétentions d'urine et la sciatique, Caton, trois siècles avant notre ère, se faisait sans doute l'écho d'usages bien antérieurs. Dioscoride, au ier siècle, définit ses indications principales en le conseillant en outre dans les maux d'estomac et la toux. Au Moyen Âge, le genévrier est très usité. On lui attribue alors le pouvoir de guérir aussi bien l'hystérie que la peste, de « résister aux poisons » de toute nature. En 1850, Cazin le place encore « au premier rang des substances indigènes ».
Le genévrier renferme une essence aromatique de composition complexe qui produit par oxydation à l'air une substance cristallisée, le « camphre de genièvre ». Les « baies » contiennent en outre une matière colorante de la nature des tanins, la junipérine, de la résine, de l'huile, des sucres, des acides organiques. C'est vraisemblablement à l'ensemble de ces composants qu'il faut attribuer les propriétés toniques, diurétiques, sudorifiques, anticatarrhales et antiseptiques de la plante. On emploie surtout les « baies », récoltées à maturité (automne de la deuxième année).
Toniques, les « baies » de genévrier se recommandent dans l'anorexie, l'atonie intestinale, les fermentations et, sur un plan plus large, dans les états d'asthénie, la dysménorrhée par atonie, etc. Leur usage condimentaire se justifie non seulement du point de vue gustatif mais aussi par des effets « apéritifs » et « digestifs » certains. Un vin apéritif et tonique s'obtient en faisant macérer pendant quatre jours 20 grammes de « baies » concassées et 20 grammes de jeunes rameaux hachés dans 1 litre de vin blanc ; passer ; ajouter 30 grammes de sucre ; prendre 1 verre à liqueur à 1 verre à bordeaux par jour.
Nettement antiseptique par son essence, le genévrier est aussi expectorant et sédatif. On l'employait traditionnellement dans la bronchite chronique, l'asthme, la phtisie commençante. Il a aussi donné de bons résultats aux anciens praticiens dans les catarrhes du système génito-urinaire : cystite chronique, leucorrhée. Indiqué par ailleurs dans la colibacillose et la blennorragie, il doit être proscrit en cas d'inflammation ou de tendance à l'inflammation des voies urinaires et particulièrement des reins sur lesquels l'essence a une action excitante directe (risques d'hématurie, d'albuminurie). Emménagogue, il pourrait se montrer abortif : il est rigoureusement contre-indiqué pendant la grossesse. Les préparations aqueuses sont à préférer dans l'usage anticatarrhal, et particulièrement l'infusion de « baies » sèches concassées : 2 cuillerées à café par tasse d'eau bouillante ; 3 ou 4 tasses par jour.
Mais le genévrier est surtout diurétique. On l'emploie utilement dans l'hydropisie, l'arthrite, la goutte, la cirrhose hépatique, l'artériosclérose, avec précaution en raison des irritations possibles. Il a également guéri des maladies de peau rebelles. On use ici du vin et de l'infusion déjà cités, de la décoction de copeaux de bois (de 30 à 60 grammes par litre d'eau dans les dermatoses) et du vin de cendres (150 grammes par litre de vin blanc, de 2 à 4 verres à bordeaux par jour dans les hydropisies).
Dans les traitements externes, la décoction du bois ou la décoction concentrée des fruits ont servi au traitement de l'eczéma humide, de l'acné, des ulcères atoniques, des plaies rebelles ainsi que de certaines dermatoses parasitaires (gale).
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Écrit par
- Pierre LIEUTAGHI : écrivain, lauréat de la Société botanique de France
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