- 1. La guerre du FPR et la campagne de haine
- 2. Le déclenchement du génocide
- 3. L'organisation du « travail »
- 4. La participation populaire
- 5. La RTLM ou l'état-major de la parole
- 6. Une « guerre » pour toute justification
- 7. L'opération Turquoise ou les ambiguïtés d'une opération militaro-humanitaire
- 8. La justice à l'épreuve
- 9. Bibliographie
TUTSI GÉNOCIDE DES
La RTLM ou l'état-major de la parole
Fondée en avril 1993, cette première radio privée dont les émissions ont débuté en juillet 1993, appartient à la société RTLM SA, dont les actionnaires sont en majorité des officiers, des hommes politiques et des commerçants hutu du nord. La RTLM n'a pas été le seul média compromis dans le génocide. Si elle a été particulièrement dénoncée, c'est non seulement à cause de ses appels au meurtre et du pouvoir de pénétration de toutes émissions de radio dans les esprits d'une société dominée par l'oralité, mais surtout parce qu'à la différence de la presse extrémiste, elle a fonctionné sans discontinuer pendant les trois mois qu'a duré le génocide. L'analyse du contenu de la presse rwandaise, notamment de l'hebdomadaire Kangura, montre bien que la RTLM a mis en ondes un discours et une propagande bien rodés. Dès le début, la fonction qu'elle s'assigne est de relayer en amplifiant le travail accompli jusque-là par le journal Kangura dans l'intérêt des Bahutu contre la Radio des rebelles, radio Muhabura. Dès le soir du 6 avril 1994, cette fonction se précise. De l'analyse du contenu de ses émissions, il ressort que son rôle consistait à susciter, à organiser la chasse à l'homme.
Aussitôt après sa formation, le 8 avril 1994, le gouvernement intérimaire rwandais quitte la capitale et s'installe dans la ville voisine de Gitarama, le berceau de la République. À partir de cette petite ville située à environ 40 kilomètres à l'ouest de Kigali, le GIR gouverne, effectue des visites dans les différentes régions du pays à la rencontre des autorités locales et des populations, envoie des émissaires à l'étranger pour plaider sa cause, solliciter un appui diplomatique, demander de l'aide et acheter des armes. Dans la capitale Kigali, lieu habituel d'exercice du pouvoir, c'est la RTLM qui occupe le haut du pavé et exerce heure par heure, jour après jour, de semaine en semaine le ministère de la Communication politique. Elle rappelle aux paysans qu'ils ont une mission cruciale dans la défense de la paix contre un « ennemi » qui s'est faufilé partout dans le pays. Elle exhorte à la vigilance et indique les lieux où sont cachés les Tutsi. Dès que les massacres sont commis, elle se fait un devoir de les justifier. Ainsi, le 20 mai 1994, l'animatrice vedette de la RTLM, Valérie Bemeriki, justifie le massacre des Tutsi qui s'étaient réfugiés dans l'église de Kibeho, au sud-ouest du Rwanda, comme un acte de légitime défense.
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Écrit par
- Marcel KABANDA : consultant à l'U.N.E.S.C.O.
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Média
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