GÉNOME NÉANDERTALIEN
Échanges génétiques entre Néandertaliens et Hommes modernes
C'est cependant à un autre aspect auquel la presse s'est le plus intéressée : le flux génétique entre les Hommes de Néandertal et les Hommes modernes. Les analyses au cours des treize dernières années de l'ADN mitochondrial de dix-sept spécimens néandertaliens avaient précédemment montré que l'ADN mitochondrial de ces fossiles se situe en dehors de la diversité mitochondriale des humains actuels excluant donc un flux génétique important entre les deux lignées, et donc l'hybridation entre elles. De plus, si métissage il y avait eu, il ne serait pas survenu à une fréquence suffisante pour laisser des traces dans les archives fossiles.
Par contre, les données nouvelles indiquent l'existence d'un flux génétique des Néandertaliens vers les ancêtres des Hommes modernes non africains et donc l'hybridation entre ces populations. En effet, les SNPs néandertaliens sont partagées plus souvent avec les génomes du Français, du Chinois ou du Papou qu'avec ceux des Africains San ou Yoruba. Cela aurait pu être le résultat d'une contamination par l'ADN humain européen des fouilleurs, paléoanthropologues, paléogénéticiens, voire employés des sociétés produisant des réactifs de biologie moléculaire. Toutefois, la modélisation des données a montré que la contamination devrait être supérieure à 10 p. 100 pour expliquer les données, ce qui a été exclu de manière convaincante. Enfin, une stratégie élaborée a été utilisée pour identifier les régions génomiques présentes dans les populations non africaines qui proviennent de l'Homme de Néandertal : elles correspondent à un taux de 1 à 4 p. 100 du génome de l'Homme actuel. Au niveau de ces régions génomiques, on observe une diversité allélique très importante dans les populations actuelles, car d'autres individus portent des séquences propres aux Hommes actuels à ces positions. Tous les individus non africains ne portent donc pas des allèles néandertaliens dans ces régions.
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Écrit par
- Eva-Maria GEIGL : directrice de recherche au CNRS, Institut Jacques Monod, CNRS, université de Paris-VII-Denis-Diderot
- Thierry GRANGE : directeur de recherche au C.N.R.S., responsable de l'équipe Épigénome et paléogénome de l'Institut Jacques-Monod, C.N.R.S., université de Paris-VII-Denis-Diderot
- Bruno MAUREILLE : directeur de recherche au CNRS, directeur du département de sciences archéologiques de l'université de Bordeaux
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