GENRE ET COGNITION
Les différences entre le genre masculin et le genre féminin sont appréhendées par de nombreuses disciplines : anthropologie, sociologie, histoire, biologie, etc., et toutes les approches psychologiques ont quelque chose à dire sur ce sujet. L'une d'elles consiste à procéder à des comparaisons au moyen de procédures standardisées, en veillant à ce que les échantillons définis par le genre diffèrent aussi peu que possible pour tous les autres caractères.
Les aptitudes cognitives
Les mesures d'intelligence générale (Q.I., par exemple) ne font pas apparaître de différences entre les performances moyennes des filles et celles des garçons. Notons cependant que les scores des garçons sont plus étalés et qu'ils sont légèrement surreprésentés aux deux extrémités de la distribution. En examinant des composantes plus spécifiques de l'intelligence, on voit apparaître des différences en faveur des filles dans le domaine verbal et plus marquées en faveur des garçons dans le domaine spatial.
Dans le domaine verbal, les filles sont plus précoces que les garçons pour l'acquisition du langage, quels que soient les critères retenus. Les troubles de l'acquisition du langage sont plus fréquents chez les garçons. Mais la plupart de ces différences, à l'avantage des filles, disparaissent au cours du développement. Elles ne se maintiennent notablement que pour la fluidité verbale (par exemple, trouver le plus grand nombre de mots rimant avec un mot donné). À l'adolescence, il n'y a plus de différences entre filles et garçons pour l'étendue du vocabulaire ou la compréhension de texte.
Dans le domaine spatial, les différences apparaissent vers sept-huit ans pour la rotation mentale dans l'espace et plus tard pour les autres aptitudes spatiales. Elles se maintiennent par la suite. C'est pour la rotation mentale dans l'espace qu'elles sont les plus fortes. Dans les tâches du type de celle qui est présentée sur la figure ci-dessous, les garçons réussissent en moyenne nettement mieux que les filles. Cette différence d'efficience peut s'expliquer, pour une part, par une différence de stratégie. Spontanément, les garçons et les hommes imaginent plutôt des rotations de certaines parties de la figure seulement, tandis que les filles et les femmes imaginent plus fréquemment la rotation de l'ensemble de la figure, ce qui rend la tâche plus difficile. Pour les autres aptitudes spatiales (par exemple, maîtrise des coordonnées de l'espace, déstructuration de figures complexes, développement de volumes, rotation mentale dans le plan, etc.), les différences se manifestent toujours en faveur des garçons, mais elles sont nettement plus faibles.
Pour apprécier l'importance des différences, on peut se demander quel est le pourcentage des sujets d'un sexe donné qui dépasse la moyenne des sujets de l'autre sexe. Dans l'ensemble, si l'on excepte la rotation mentale dans l'espace, ce pourcentage est de l'ordre de 40 à 45 p. 100 pour les différences jugées notables. Ainsi, dans les épreuves de fluidité verbale environ 45 p. 100 des garçons ont un score supérieur à celui de la fille moyenne. On observe donc un large chevauchement des courbes indiquant la distribution des résultats pour chaque sexe et un petit décalage des moyennes. En d'autres termes, la variabilité intergenre est très faible par rapport à la variabilité interindividuelle au sein de chaque genre. Ajoutons que, depuis plusieurs décennies, l'ampleur de la plupart de ces différences diminue.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Michel HUTEAU : professeur d'université honoraire
Classification
Média