GENRE ET COGNITION
La réussite scolaire
Puisque la proportion des filles et des garçons n'est pas la même dans les diverses filières scolaires, la comparaison doit être limitée à la période du tronc commun. Il est pertinent de distinguer trois types d'évaluation de la réussite scolaire : des évaluations objectives, les notations habituelles des enseignants et les auto-estimations des élèves.
L'application de tests de connaissances montre que, dès l'école primaire, les filles réussissent mieux que les garçons en français, notamment pour la maîtrise de la lecture. L'écart intersexe est plus important que celui que l'on observe pour les aptitudes verbales et il persiste alors que ces différences d'aptitudes deviennent négligeables. Les enquêtes P.I.S.A. (Program for International Student Assesment) portant sur des jeunes de quinze-seize ans et évaluant la connaissance de la langue en situation (literacy) font apparaître une supériorité des filles dans tous les pays de l'O.C.D.E. (en moyenne du même ordre de grandeur que ce que l'on observe pour la rotation mentale dans l'espace).
En mathématiques, la supériorité moyenne des garçons est plus faible que la supériorité moyenne des filles en français. C'est en géométrie qu'elle est la plus marquée. Cet écart intersexe est en voie de réduction. Dans les enquêtes internationales, la supériorité des garçons est faible et elle n'apparaît pas dans plusieurs pays. Notons que ces faibles différences risquent d'être surestimées. On a en effet montré que la situation d'évaluation, du simple fait qu'elle induit la crainte de se conduire conformément aux stéréotypes (dans le cas présent, celui de l'infériorité des filles en mathématiques), conduit souvent à une baisse des performances qui alors ne correspondent plus aux compétences réelles. En sciences, les résultats n'ont pas la même allure. S'il existe bien des différences d'un pays à l'autre, elles ne vont pas toujours dans le même sens et en moyenne elles s'annulent.
Les notations des enseignants fournissent des résultats plus contrastés quant aux meilleurs résultats des garçons en mathématiques et des filles en français. Cela est vraisemblablement, pour une large part, une conséquence du processus de notation dans lequel la prise d'information sur les productions de l'élève est guidée par les connaissances et croyances de celui qui note. Pensant les garçons meilleurs en mathématiques et les filles meilleures en français, les enseignants ont tendance à être plus sensibles aux indices de la réussite en français chez les filles et aux indices de la réussite en mathématiques chez les garçons. Ces écarts entre sexes s'accentuent encore lorsqu'on demande aux élèves de s'auto-évaluer. À niveau de réussite identique, les filles se sous-estiment relativement aux garçons, surtout en mathématiques.
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Écrit par
- Michel HUTEAU : professeur d'université honoraire
Classification
Média