GENRES PICTURAUX
Le terme « genre », qui dérive du latin genus, revêt en français dès le xive siècle une acception rhétorique propre à définir les différents modes poétiques. Au cours du xvie siècle, il s'applique à la peinture, dont il caractérise les catégories tant stylistiques qu'iconographiques. Toutefois, il tend progressivement à s'atrophier, l'expression de « peinture de genre » désignant d'abord tout ce qui ne relève pas de la peinture d'histoire (le paysage, la nature morte, etc.), puis, à partir de la fin du xviiie siècle, uniquement la représentation stéréotypée du quotidien. Le mot recouvre donc aujourd'hui deux notions distinctes : l'une restreinte (la scène de genre) ; l'autre large (les genres artistiques). C'est la seconde qui nous intéresse ici. Elle permet de classifier les arts visuels, et en particulier la peinture, par sujets définis de manière conventionnelle.
Naissance des genres
Dans son Histoire naturelle, Pline l'Ancien, érudit romain du ier siècle, rapporte l'histoire de plusieurs peintres légendaires, tel Pyraïkos, « peintre de saletés », dont les œuvres pleines de vie avaient atteint une cote extraordinaire sur le marché de l'art, ou Parrhasios, dont l'aptitude à reproduire fidèlement les objets avait pu tromper l'œil expert de son contemporain Zeuxis. D'une part, Pline justifie ainsi la pratique des genres artistiques, d'autre part, le lien de celle-ci se trouve affirmé avec la représentation illusionniste du monde sensible, c'est-à-dire avec un style. De fait, les notions de genre et de style sont indissociables, en raison de leur commune référence à l'imitation de la nature et aux effets rhétoriques qui en découlent. Autrement dit, les genres artistiques ne peuvent exister qu'à travers une représentation tant soit peu mimétique du monde physique. Ce n'est donc pas un hasard si, en Occident, ils disparaissent au ve siècle, en même temps que l'illusionnisme antique, au moment où se met en place le système purement symbolique de l'image chrétienne, pour réapparaître progressivement une dizaine de siècles plus tard, parallèlement au retour de la peinture de chevalet et d'un véritable marché de l'art.
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Écrit par
- Frédéric ELSIG : docteur ès lettres, maître assistant en histoire de l'art médiéval à l'université de Genève (Suisse)
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