VILLEHARDOUIN GEOFFROI DE (1148-1213)
Noble champenois. Maréchal de Champagne, chargé de négocier avec les Vénitiens les conditions d'une aide navale à la quatrième Croisade, Villehardouin fut l'un des chefs de celle-ci ; la croisade devait aboutir à la prise de Constantinople par les chrétiens d'Occident (1204) et à la fondation de l'Empire latin d'Orient. Il reçut, en récompense de ses services, divers fiefs en Thessalie, en particulier celui de Messinople, où il vécut. Il fut nommé maréchal de Romanie.
Son Histoire de la conquête de Constantinople, rédigée peu après les événements (vers 1207), est avant tout la justification personnelle d'un homme qui, dans la conduite et le détournement de la croisade, avait eu part aux décisions les plus graves. Mais il y fait précisément œuvre d'historien parce qu'il cherche à discerner la part de responsabilité de chacun, des croisés comme des Vénitiens, et que cela le conduit à analyser autant qu'à raconter. Ce plaidoyer très élaboré, qui n'a pas la verdeur du modeste récit de Robert de Clari, est cependant la relation très scrupuleuse d'un chevalier intègre et l'œuvre intelligente d'un historien qui s'élève au-dessus de la simple chronique. Villehardouin est l'un des premiers historiens étrangers au milieu clérical, et qui au surplus ait choisi d'écrire en français. Il est aussi l'un des premiers à avoir fait autre chose qu'ajouter quelques notations personnelles à une compilation.
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Écrit par
- Jean FAVIER : membre de l'Institut, directeur général des Archives de France
Classification
Autres références
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CLARI ou CLÉRY ROBERT DE (1170 env.-apr. 1216)
- Écrit par Jean FAVIER
- 112 mots
Chevalier originaire de Picardie, qui participa à la quatrième Croisade, en 1204, et rédigea, au retour, un récit vigoureux et pittoresque, La Conquête de Constantinople. Au contraire de Villehardouin, Robert de Clari est un chevalier obscur, qui n'a pas su interpréter le détournement de la croisade...
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MOYEN ÂGE - La littérature en prose
- Écrit par Nicola MORATO
- 6 740 mots
- 3 médias
...francophones. Une partie des plus emblématiques textes en prose sont liés aux croisades, en particulier à la quatrième (1202-1204) : les chroniques de Villehardouin et de Robert de Clari, la traduction de la Chronique dupseudo-Turpin par Nicolas de Senlis, l’épilogue de la deuxième version du ...