POPULATION GÉOGRAPHIE DE LA
L'étude géographique des populations a longtemps été réduite à la description du peuplement, considérée comme une introduction à la géographie humaine. Ce n'est que depuis les années 1950 qu'elle s'est élargie à la totalité de la dimension spatiale des populations, privilégiant la dialectique qui s'établit entre la dynamique interne des groupes humains (qui obéit aux lois de la démographie) et celle des milieux où ils vivent et se reproduisent.
Ainsi conçue, la géographie de la population, ou démogéographie, relève à la fois des sciences de l'organisation de l'espace et des sciences démographiques, et toujours des deux en même temps. Sans le recours aux méthodes de la démographie, on ne saurait caractériser les populations ; sans le recours aux méthodes de la géographie, et notamment à l'analyse cartographique, on ne saurait en appréhender la dimension spatiale.
Une population possède cependant un caractère unique par rapport aux objets géographiques habituels, matériellement inscrits dans l'espace. Car ce n’est qu’une entité statistique : l’ensemble des individus habitant un territoire donné − autrement dit une abstraction, définie non pas sur des critères propres, mais par un découpage territorial a priori et par des critères administratifs de résidence. Or, non seulement il est toujours délicat de rattacher les individus, par essence mobiles, à un lieu donné, mais, qui plus est, bien que l’ensemble ainsi obtenu dispose d’une inertie relative dans l'espace, il est subordonné à un renouvellement perpétuel des individus qui le compose, par le jeu des naissances et des décès et celui des entrées et des sorties des territoires, autrement dit contraint à un changement permanent de contenu. Pour qu’on ait véritablement affaire à des populations, et non pas à de simples agrégats statistiques, il faut donc que le choix du découpage spatial se justifie par une cohérence interne des ensembles obtenus, notamment en termes de structures démographiques ou sociodémographiques et de dynamique, scientifiquement appréhendables.
Géographie de la population ou des populations ? Le singulier et le pluriel distinguent davantage la manière d'aborder les questions que l'objet d'étude lui-même ou l'échelle d'observation. Dans le premier cas, on concentre l'attention sur les caractéristiques géographiques de la population d'un ensemble territorial, lequel peut être la terre entière. Dans le second, on insiste sur les différenciations démographiques entre entités géographiques, notamment continents et États, lesquelles, dans toute l'histoire de l'humanité, n’ont jamais atteint l’amplitude qu’elles ont atteinte durant les dernières décennies.
Convergence des évolutions et diversification des populations
Il est très probable qu’on ne retrouvera plus à l’avenir d'aussi amples écarts. Ils ont d’ailleurs commencé à se réduire depuis la fin du xxe siècle, mais au milieu des années 2010, le taux de croissance s’étendait encore de moins de 0,6 % par an en Ukraine à 3,8 % au Niger, l’ espérance de vie à la naissance (sexes confondus) de 45 ans en Sierra Leone à 83 ans au Japon, la proportion d'individus de moins de 15 ans de 13 % en Allemagne à 50 % au Niger, la proportion de personnes âgées de 65 ans ou plus de moins de 2 % en Ouganda ou au Burkina Faso à 25 % au Japon.
Paradoxalement, cette diversité a pour origine un même phénomène, unique dans l'histoire de l'humanité mais très inégalement avancé à travers le monde. Il s'agit du passage obligé, mais à des moments échelonnés, du régime démographique traditionnel au régime moderne.
Les deux temps de la transition démographique
Pendant ce passage, que l'on nomme transition démographique, l'état primitif d'équilibre approximatif entre[...]
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Écrit par
- Pierre-Jean THUMERELLE : professeur des Universités, université des sciences et technologies de Lille (Lille-I)
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