POPULATION GÉOGRAPHIE DE LA
Inerties et perspectives
750 hab./km2 en 1950 au Bangladesh (dans les frontières actuelles), 1 000 en 2000, probablement plus de 1 400 en 2050. On a du mal à imaginer qu'une telle crue n'emporte les équilibres géographiques. Bien sûr, ailleurs, la pression moyenne sur l’espace n’atteindra pas ces extrêmes, mais globalement l’impact de la croissance démographique va encore peser longtemps.
Certes, l'apogée de la croissance relative (2,1 % en 1969) de la population mondiale est derrière nous : 1,2 % en moyenne entre 2005 et 2010. Mais le recul des taux ne s’est pas traduit immédiatement par une baisse de la croissance absolue : maximum en 1988 avec 93 millions d’individus supplémentaires, environ 80 millions par an depuis le début des années 1990. Même si une réduction significative de ce nombre s’amorce dans les années 2020, il est peu probable qu’il puisse diminuer de plus de moitié avant au moins 2050. Au rythme actuel de croissance, le doublement du nombre des hommes prendrait moins de cinquante ans ; compte tenu de la baisse générale de la fécondité, il ne se produira probablement jamais. Vers 2060, dans l'hypothèse médiane des projections des Nations unies, la terre compterait 10 milliards d’habitants (8 en hypothèse basse, 12 en hypothèse haute).
Comportements, structures, vieillissement
On associe souvent la généralisation de la limitation volontaire des naissances à la standardisation et à la mondialisation des comportements, bien qu'elle emprunte des voies autrement originales que le simple mimétisme du modèle occidental. Elle suppose toujours une information et un accès à la contraception, et une certaine émancipation des femmes en matière de contraception comme dans d'autres domaines, c'est-à-dire un changement parfois très profond des cultures, des structures familiales et communautaires, des rapports d'autorité. Aussi de telles mutations, souvent discrètes, suscitent-elles parfois des réactions violentes, qui peuvent temporairement les enrayer.
Si rien n'annonce une reprise de la fécondité dans les pays développés, s'il est peu probable que la décélération de la fécondité fléchisse dans les pays qui, en Amérique latine ou en Asie du Sud et de l'Est, sont en train d'achever leur transition démographique, la situation demeure, en revanche, confuse et incertaine en Afrique subsaharienne et en Asie occidentale. Néanmoins, comme la moitié de la population du monde vit dans des pays où l’indice de fécondité se situe sous le seuil de remplacement des générations (2,1 enfants par femme), c’est essentiellement de la rapidité avec laquelle se repliera cet indice que dépend l’effectif à venir de la population mondiale.
Dans un certain nombre de pays subsahariens, les taux de fécondité ont globalement chuté de 10 à 20 % depuis la fin des années 1980. Toute généralisation semble néanmoins prématurée : nulle part l'organisation de la société ne concourt autant à encourager la reproduction qu'en Afrique noire ; la pénétration des nouveaux comportements dans les campagnes commence à peine : le niveau de mortalité, et en particulier de mortalité infantile (plus de 80 ‰ en moyenne), y demeure dramatiquement élevé et les pandémies (Ebola, sida…) menaçantes ; sauf rares exceptions, 10 à 20 % seulement des femmes mariées y ont recours à un moyen quelconque de contraception.
Le conservatisme des attitudes en matière de reproduction paraît tout aussi profond de l'Asie centrale aux rives orientales de la Méditerranée, à l'intérieur d'un monde musulman traditionnel réticent à toute altération du statut ancestral de la femme : tant dans le cas de pays largement sous-développés et très tardivement engagés dans la première phase de la transition démographique, comme l'Afghanistan ou le Yémen, que dans celui de pays mieux arrimés à l'économie[...]
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Écrit par
- Pierre-Jean THUMERELLE : professeur des Universités, université des sciences et technologies de Lille (Lille-I)
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Médias
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