Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

GÉOGRAPHIE ÉCONOMIQUE

Inégalité des facteurs de localisation

Comprendre une localisation économique signifie décortiquer les éléments du paysage autour du site, de la situation et du territoire de ce lieu. Le choix d’une firme résulte d’un compromis entre objectifs économiques et contraintes environnementales, ainsi que de facteurs dont le poids et la variété dépendent de l’échelle spatiale et de la nature de l’activité. Il est rare qu’un seul facteur explique une implantation économique, et un même facteur peut exercer diverses influences (par exemple, la présence de main-d’œuvre qualifiée peut attirer certaines entreprises et en repousser d’autres). Ces facteurs sont à la base de la construction de tout modèle de localisation.

Ressources naturelles

Les ressources naturelles, qu’elles soient renouvelables ou non renouvelables, sont puisées dans l’environnement et inégalement réparties dans l’espace. Les plaines sont plus fertiles que les montagnes, le lithium n’est pas présent ni exploitable partout, un parc éolien n’a de sens que si le vent est propice, etc. La raréfaction des ressources et l’augmentation de leur prix conduisent aujourd’hui à les exploiter dans des conditions de plus en plus extrêmes, induisant inquiétudes (pétrole en Alaska) ou polémiques (gaz de schistes), et de nombreuses ressources naturelles font l’objet d’enjeux géostratégiques mondiaux (phosphate au Maroc ou mines du Kivu en République démocratique du Congo) ou locaux (choix de l’implantation d’une éolienne, par exemple).

L’importance des ressources naturelles dans les localisations d’activités a certes diminué avec les avancées technologiques et le développement des transports : la sidérurgie se localisait près des lieux d’exploitation du charbon et/ou du fer (lourds à transporter), conditions dont elle s’est aujourd’hui affranchie au profit d’implantations maritimes. L’eau, l’air et le sol (en qualité et en quantité) constituent aujourd’hui des enjeux majeurs au regard de l’exploitation, parfois excessive, des ressources et des changements climatiques.

La présence de ressources naturelles ne fait pas automatiquement la richesse d’un pays. Certains pays riches, comme le Japon, ont peu de ressources, et de nombreux pays pauvres, comme la République démocratique du Congo ou l’Angola, disposent de nombreuses ressources naturelles. Richesse et prospérité dépendent certes de la nature des ressources disponibles, mais aussi de ce qu’il en est fait (technologie, main-d’œuvre, investissements, conditions d’exploitation, corruption). On parlera de « malédiction des matières premières » pour expliquer comment, dans certains cas, l’abondance de richesses naturelles d’un pays peut conduire à la pauvreté de ce même pays, quand elles sont en de mauvaises mains et exploitées au profit de quelques-uns.

Population

L’offre et la demande en main-d’œuvre varient dans l’espace, en quantité et en qualité, expliquant ainsi les problématiques des grandes villes, des villes universitaires ou des technopôles (Silicon Valley, Bangalore, Louvain-la-Neuve par exemple). Les entreprises ont des exigences souvent bien définies en matière de coût, de formation, d’âge, de stabilité, de rapidité, d’efficacité ou de tradition syndicale. Certaines firmes évitent les zones rurales, faute de cadres, d’autres choisissent des régions où la main-d’œuvre est moins qualifiée et/ou moins chère (Europe de l’Est, Asie). Le coût de la main-d’œuvre a plusieurs composantes (rémunérations, charges patronales, gratifications, etc.) et est à pondérer par la productivité. Les bas salaires ne présentent pas que des avantages pour les entreprises : il convient donc de se méfier de comparaisons hâtives entre régions, car les critères sont nombreux, difficilement pris en compte de façon impartiale et varient très subtilement dans l’espace.

Produire[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : docteur ès sciences, directrice de recherche F.R.S.-FNRS, professeur à l'École de géographie de l'université catholique de Louvain (Belgique)

Classification

Médias

Croissance des plus grandes agglomérations du monde (1960-2025) - crédits : Encyclopædia Universalis France

Croissance des plus grandes agglomérations du monde (1960-2025)

Les plus grands ports de marchandises du monde - crédits : Encyclopædia Universalis France

Les plus grands ports de marchandises du monde

Autres références

  • DÉTROITS ET ISTHMES

    • Écrit par
    • 6 042 mots
    • 5 médias

    En dépit de l’immensité océanique, les routes maritimes concentrent les flux de navires et « forment des faisceaux de quelques dizaines de kilomètres de large alors que leur longueur peut être de plusieurs milliers de kilomètres pour relier un continent à un autre » (Frémont, 2008). Les détroits...

  • MARITIMISATION DE L'ÉCONOMIE

    • Écrit par
    • 3 979 mots
    • 8 médias

    Depuis l’Antiquité, la voie maritime a permis aux navigateurs de commercer en transportant dans leurs navires des quantités de marchandises très supérieures à celles que permettaient les voies terrestres – ainsi, les Égyptiens, qui allaient jusqu’à Sumatra quelque 1200 ans avant notre ère ou, plus...