GÉOGRAPHIE ÉCONOMIQUE
Principes de localisation des entreprises à une échelle plus fine
Chaque localisation économique est unique, mais il existe des ressemblances et des théories pour les expliquer ainsi que des outils d’aide à la décision, tels que les modèles de localisation optimale d’industries ou de commerces. On observe également que la mobilité accrue des personnes et des marchandises et la rareté des espaces intra-urbains ont engendré l’exurbanisation, spontanée ou planifiée, de nombreuses activités industrielles et commerciales. Ces activités se redistribuent en périphérie urbaine, souvent pas trop loin du lieu initial afin de conserver clients, main-d’œuvre et sous-traitants. Cette relocalisation engendre des friches en centre-ville, mais aussi une plus grande circulation des personnes et des marchandises, et l’accentuation de l’étalement urbain. Cette périurbanisation des activités s’opère en couronnes successives, sauf dans certains pays qui ont adopté une politique d’aménagement du territoire adéquate, comme les Pays-Bas.
Pour des raisons urbanistiques et/ou pour favoriser le développement régional, les parcs d’activités offrent terrains viabilisés, accessibilité et visibilité aux entreprises. Ces parcs varient selon leur taille, la nature de leur promoteur, privé ou public, leur statut financier (zone franche ou non) ou le type d’activités. Ils sont souvent localisés en périphérie urbaine, mais ils peuvent aussi se trouver en ville, en région rurale ou dans des zones portuaires. Il ne faut pas confondre les parcs d’activités avec les districts industriels, qui résultent du rassemblement spatial d’entreprises complémentaires ou spécialisées dans la même production (coopération intra-sectorielle ou intersectorielle). Par définition, un district industriel ne répond pas à une opération d’aménagement du territoire et est plus vaste qu’un parc d’activités. L’Italie du Nord-Est offre de nombreux exemples typiques de districts industriels spécialisés dans la céramique, l’ameublement, la robinetterie, etc.
Tout territoire se trouve sous l’influence d’un système complexe d’acteurs internationaux (Union européenne, A.L.E.N.A., O.N.G. internationales…), de firmes transnationales et de réseaux de villes qui engendrent des polarisations (85 p. 100 des flux financiers se concentrent dans les vingt premières places financières mondiales), des hiérarchies (Triade, B.R.I.C.S., G8, G20) et des interdépendances spatiales.
La globalisation n’est pas synonyme d’homogénéisation de l’espace, bien au contraire : la réduction des freins à la mobilité des personnes et des marchandises a permis aux entreprises de se libérer de nombreuses contraintes, donnant à toute décision de localisation un important poids stratégique. Il importe aujourd’hui de mieux comprendre ces nouveaux enjeux géostratégiques et de développer des outils d’aide à la décision adaptés à ce monde en mutation, où risques et opportunités sont en constante évolution, à travers les différentes échelles spatiales. La mondialisation doit être (re)pensée en termes de systèmes, d’espaces et de territoires, et de complexité(s).
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Écrit par
- Isabelle THOMAS : docteur ès sciences, directrice de recherche F.R.S.-FNRS, professeur à l'École de géographie de l'université catholique de Louvain (Belgique)
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