GÉOLOGIE Géologie de l'ingénieur
Méthodes
La géologie de l'ingénieur consiste d'abord en une série de reconnaissances exhaustives : on tient compte de toutes les particularités naturelles ou anthropiques du sol et du sous-sol, des multiples sujétions inhérentes à un projet donné, des répercussions des travaux sur les conditions préexistantes. Les observations naturalistes s'effectuent avec la rigueur scientifique nécessaire à une analyse qualitative poussée, mais leur échelle, leur densité, leur caractère quantitatif sont souvent fixés par le type d'ouvrage à réaliser.
Ce travail exige la création d'une équipe interdisciplinaire en relation avec les ingénieurs de projet et d'exécution, sans lesquels le choix des éléments à mettre en évidence risque d'être inexact ou incomplet. L'obligation de respecter les délais et les budgets, et de parler une langue commune, renforce encore cette tendance interdisciplinaire. On commence par dresser collégialement l'inventaire de la documentation disponible, des faits à relever, des paramètres à déterminer et des modalités de recherches utilisables ; puis, on décide du choix des essais à réaliser et on procède à l'échantillonnage aux endroits requis ; enfin on obtient les données exigées par des recherches croisées qui assurent un contrôle mutuel de ces données. L'interprétation en commun des résultats ne marque pas le terme d'une collaboration qui se maintient au cours de l'exécution et même à l'occasion de contrôles ultérieurs.
Les procédés mis en œuvre, qui ne cessent de se multiplier, sont de plus en plus élaborés et complémentaires. Par exemple, en région karstique, la prospection géophysique utilise concurremment les méthodes sismique, gravimétrique, électrique, magnéto-électrique, et l'on fait appel à toute une gamme de procédés depuis la photogéologie et ses perfectionnements (infrarouge, par exemple), les diagraphies variées (sondages : sonic, gamma-gamma, gamma-neutron, mesures de résistivités...), etc. jusqu'à l'auscultation acoustique ou l'enregistrement aéroporté de l'intensité du flux thermique à la surface du sol.
Les études de géologie de l'ingénieur ont pour objectif de réaliser l'adaptation optimale à la situation réelle d'un grand site ou d'une région d'une œuvre humaine telle que grands travaux de génie civil, aménagement du territoire, prévention de risques géologiques. L'expérience a montré que de la qualité de cette adaptation dépendent l'efficacité, l'économie et la sécurité, c'est-à-dire finalement la « faisabilité » d'une entreprise. On s'efforce, malgré l'intervention simultanée de nombreux paramètres interdépendants, d'atteindre, par des investigations pluridisciplinaires d'une précision accrue, un niveau correspondant aux progrès des essais et des méthodes du génie civil et aux impératifs techniques et socio-économiques de notre époque.
Dans cette voie, la géologie urbaine utilise toutes les méthodes de prospection du sous-sol, et la géologie de l'environnement s'intègre dans l'examen des systèmes naturels, complexes et solidaires, et s'attache à prévoir l'évolution des phénomènes et des œuvres humaines susceptibles d'en modifier le cours.
Outre les progrès répercutés par les disciplines sollicitées, la géologie de l'ingénieur doit répondre aux exigences vitales de la société industrielle : expansion démographique, urbanisation explosive, travaux d'infrastructure, consommation des ressources minérales et énergétiques non renouvelables ou vulnérables (eau) interfèrent de plus en plus avec la sécurité, la qualité de la vie... Populations et gouvernements sont, d'autre part, davantage préoccupés par les risques géologiques : les accidents survenant aux [...]
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Écrit par
- Léon CALEMBERT : professeur émérite de l'université de Liège, membre honoraire de l'Académie royale des sciences d'outre-mer
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