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GÉOLOGIE Histoire

La géologie s'est constituée en une science organisée avec une étonnante rapidité, au début du xixe siècle. Depuis lors, elle s'est progressivement développée, enrichie et diversifiée. Les historiens sont intrigués par cette brusque naissance, et par tout ce qui a précédé : pourquoi une si longue et laborieuse préparation ? Or, lors de sa grande éclosion, cette science a bouleversé les rapports entre l'homme et le monde, en révélant la durée prodigieuse des temps qui ont précédé l'humanité, et en ressuscitant les mondes vivants innombrables qui, avant elle, s'étaient succédé sur la surface de la Terre. Ce faisant, elle empiétait forcément sur le domaine des enseignements des Églises. Certains ont volontiers allégué que la géologie moderne était née d'une victoire de la raison sur l'obscurantisme religieux, favorisée en outre par la révolution industrielle. Mais à un examen objectif, les choses n'apparaissent pas aussi simples.

L'Antiquité classique

Il n'a pas existé de « geôlogia » gréco-romaine. Le legs très influent des auteurs grecs et latins se limite à des domaines particuliers, principalement du ressort de la géodynamique. Ils ont ignoré toute étude du sous-sol rocheux (mais l'Italie et la Grèce, avec leur structure tectonique extrêmement complexe, ne s'y prêtaient pas). Leurs explications des volcans et des tremblements de terre sont naïves ; elles seront cependant très souvent reprises.

Parmi les écoles de pensée grecques, celle d'Aristote a joué par la suite un rôle capital. Celui-ci expose dans les Météorologiques (ive s. av. J.-C.) comment, selon un rythme extrêmement lent à l'échelle humaine, la mer prend tranquillement la place de la terre et vice versa, au long d'une durée infinie. Le poète latin Ovide (43 av. J.-C.-17 apr. J.-C.) développe cette idée des mutations de la géographie dans des vers célèbres des Métamorphoses, où il fait parler Pythagore. De très nombreux auteurs modernes citeront ces vers, jusqu'en plein xixe siècle, et notamment ces mots, résumant le meilleur de la géologie antique : « ... Vidi... factas ex aequore terras. [Et procul a pelago conchae jacuere marinae... [Quodque fuit campus, vallem decursus aquarum [Fecit et eluvie mons est deductus in aequor. » (« ... J'ai vu... des terres faites à la place de la mer, et loin de la haute mer des coquilles gisantes... D'une campagne cultivée le dévalement des eaux a fait une vallée, et par le délavement la montagne est descendue dans la mer. »)

Un siècle avant Aristote, Hérodote écrit des pages remarquables sur les atterrissements fluviaux. Entre autres affirmations, l'Égypte est un ancien golfe comblé par les apports du Nil ; en témoignent notamment les coquilles que l'on trouve dans les « montagnes ». Plutarque, au Ier siècle après J.-C., auteur très lu, confirme ce fait. Divers autres textes font allusion à ces fossiles observés en pleine terre, par exemple un passage de la Géographie de Strabon, contemporain d'Ovide (il s'agissait de Néogène transgressif peu lapidifié et très fossilifère).

On doit encore aux Gréco-Romains des considérations remarquables sur le cumul avec le temps d'actions infinitésimales (Straton, in Polybe), base de la doctrine uniformitariste (dite, abusivement, de Lyell), et de belles descriptions d'activités volcaniques, tant de l'Etna que du Vésuve (éruption catastrophique de 79 apr. J.-C. décrite par Pline le Jeune). Ne méconnaissons pas l'énorme Histoire naturelle de Pline l'Ancien, trésor de données, malheureusement parfois fallacieuses ; elle sera encore lue au xviiie siècle. Enfin, le grand poème de Lucrèce, De la nature, décrit l'humanité primitive en anticipant de façon saisissante sur la préhistoire moderne. La place manque ici pour signaler d'autres apports[...]

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Georges Cuvier et la paléontologie - crédits : Encyclopædia Universalis France

Georges Cuvier et la paléontologie

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Carte géognostique des environs de Paris

Élie de Beaumont - crédits : Archives Société géologique de France

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