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GÉOLOGIE Histoire

Le XVIIIe siècle

La géologie ne démarre en France que vers 1710, en bénéficiant de toute la prudence un peu sceptique de Fontenelle, très influent par ses chroniques résumant et commentant l'activité de l'Académie royale des sciences. Il se rallie à l'idée de l'ancien séjour tranquille des mers sur nos terres. Antoine de Jussieu en 1718, étudiant une flore fossile houillère, pensait « herboriser dans un autre monde ». Il se demande comment des plantes typiques de pays chauds ont pu venir « des Indes » : « flots tumultueux », « violents ouragans » ? En 1777, Pyotr Simon Pallas (1741-1811) évoquera de tels flots gigantesques pour expliquer les restes de grands pachydermes trouvés congelés en Sibérie. En 1720, René Antoine Ferchault de Réaumur (1683-1757), à propos des faluns de Touraine, suppose qu'un vaste golfe marin a existé, reliant l'océan à la Manche, sans rapport avec le Déluge. Fontenelle émet le vœu que l'on dresse des cartes indiquant le type de coquilles fossiles prédominant de lieu en lieu. C'est là le début d'une constante de la géologie française des soixante ans qui suivent, fixée sur une vision « paléogéographique » par juxtaposition horizontale des faunes, au détriment de la reconnaissance des successions verticales.

En 1721-1723, l'ingénieur des Ponts et Chaussées Henri Gautier (1660-1737) publie de façon plutôt confidentielle des pages inégales mais contenant des idées remarquables sur le cycle récurrent érosion-sédimentation-orogenèse, annonçant déjà Hutton. Comme avant lui William Whiston, il a l'intuition de l'isostasie ; pour lui, les séismes sont dus à de brusques réajustements verticaux de la croûte. Il montre que, par la mesure de la turbidité fluviale, on peut calculer le temps nécessaire pour un nivellement complet du bassin : nécessairement des millions d'années, mais il maquille ses chiffres.

Benoît de Maillet (1656-1738) fait preuve de plus d'audace dans son Telliamed posthume, écrit vers 1725, publié en 1748 et 1755. Ce livre très lu fonde tout sur une très lente diminution de la mer, dont les dépôts récents sont en contrebas des plus anciens ; ces dépôts peuvent s'être formés d'emblée inclinés. L'eau de la mer s'évapore vers d'autres astres. La Terre passe à tour de rôle par une phase ignée (en surface) et par une phase de submersion totale, au long de millions et milliards d'années. Le Telliamed abonde en invraisemblances, mais aussi en fines observations de terrain.

En 1749, Buffon (1707-1788) ouvre sa grande Histoire naturelle, par sa Théorie de la Terre, qui est en fait peu théorique, mais plutôt une mise à jour soigneusement élaguée des connaissances objectives du moment. Sa portée sera considérable. Bien qu'il ignore par trop l'érosion et la tectonique, Buffon a beaucoup de vues justes et rompt avec les théorisations échevelées ; il raisonne en actualiste de bon sens, enraciné dans la réalité. En 1778-1779, il publie la magnifique épopée des Époques de la nature, histoire présumée et destinée future de la Terre, ancien astre qui ne cesse de perdre sa chaleur, promis à une mort glacée finale. Dans cette « théorie de la Terre », beaucoup de données sont suppléées par l'imagination, mais cette fresque inoubliable, dans sa structure même, annonce les visions neuves du xixe siècle. L'auteur, fort d'expériences sur le refroidissement de sphères métalliques, tente de calculer l'âge de la Terre. Après avoir envisagé des millions d'années, il se rabat sur soixante-quinze mille ans (valeur de toute façon contraire à la chronologie biblique des soixante siècles, dès alors en voie d'abandon).

Jean Étienne Guettard (1715-1786) publie en 1746-1752 la première carte géologique, à destination résolument utilitaire (recensement[...]

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Georges Cuvier et la paléontologie - crédits : Encyclopædia Universalis France

Georges Cuvier et la paléontologie

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Carte géognostique des environs de Paris

Élie de Beaumont - crédits : Archives Société géologique de France

Élie de Beaumont

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