GÉOMORPHOLOGIE
De la genèse des formes à l'analyse des processus morphodynamiques
L'approche géomorphologique est donc variée. Dans certains cas, elle porte sur la nature du relief (montagne, plaine, plateau, versant, etc.), sur ses dimensions et sur son origine, en relation avec le substrat rocheux et les processus d'érosion qui ont contribué à le façonner. Dans d'autres cas, la géomorphologie s'intéresse davantage aux processus qu'aux formes de relief. Il s'agit alors d'observer, de mesurer et d’interpréter les flux de matière (boue, blocs rocheux, sable), l'eau, le vent... Des agents de la biosphère peuvent aussi façonner certaines figures minérales. C'est le cas des algues cyanophycées, qui contribuent à fixer des sels minéraux composant les plates-formes encroûtées des régions arides ou des massifs calcaires, à la résurgence d’eaux chargées en carbonates.
Ainsi, l’étude des processus morphodynamiques (coulées de boue, avalanches, glissements de terrain...) nécessite de mettre en œuvre des protocoles d'analyses – en particulier sous la forme de suivis grandeur nature ou de modèles mathématiques – qui relèvent de connaissances et de démarches géotechniques.
Description et caractérisation d'une forme, interprétation de sa mise en place et évaluation des mécanismes mis en jeu pour rendre compte de sa dynamique évolutive sont trois démarches fortement liées. Ainsi, en région froide, comme en haute montagne, le processus de destruction des parois par l'action du gel dans la roche provoque la chute répétée de blocs qui constituent un éboulis. L'éboulis est une forme de versant inclinée faisant un angle de 30 à 35 degrés. Constitué d'une accumulation de blocs, il s'agit aussi d'un type de mise de place, un processus composé d'une chaîne de mécanismes (gélifraction-chute de pierres-remaniement de surface par la gravité ou par d'autres agents comme l'eau courante ou la neige). Ces mécanismes aboutissent à la formation d'un amas de pierres, généralement grossières, détachées d’une paroi rocheuse, avec une organisation en coupe correspondant à des lits traduisant les réaménagements qui se produisent dans le sédiment. On associe la morphométrie, mesure et description stricte de la forme, la dynamique morphologique, la composante responsable de la construction de la forme et la nature morphosédimentaire, c'est-à-dire le type de dépôt associé à cette dynamique. On a là les éléments fondamentaux de la géomorphologie avec ses deux approches complémentaires : la définition de la forme avec la caractérisation de sa mise en place ainsi que l'analyse des processus responsables de la construction. La forme représente donc une sorte de signature, un témoin correspondant à un type de contrainte environnementale dont les agents peuvent être multiples, naturels ou anthropiques, les sociétés humaines contribuant, par leurs activités industrielles et agricoles ou par leurs aménagements, à transformer les paysages et les formes du relief.
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Écrit par
- Pierre PECH : professeur agrégé de géographie, professeur des Universités, enseignant-chercheur à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne
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