GÉOMORPHOLOGIE
Une discipline à l'interface d'autres disciplines
La détermination des caractères des formes de relief concerne aussi bien les milieux sous-marins que continentaux terrestres. Grâce à des moyens d'observation comme les radars ou les capteurs embarqués sur les satellites, la Terre et les autres corps célestes solides, comme la Lune ou Mars, font partie des espaces pour lesquels l'expertise des géomorphologues est désormais requise (Peulvast et Vanney, 2001 et 2002). La géomorphométrie se consacre à l'analyse des volumes et des formes grâce aux moyens de mesure satellitaires et aux données géoréférencées traitées en tant que modèles numériques de terrain, dans les systèmes d'information géographique. Ce travail de délimitation et de mesure des surfaces et des formes du relief terrestre a de nombreuses applications, notamment en géomorphologie fluviale pour établir les cartes d'aléas et de risque d'inondation.
La tectonique des plaques ainsi que les progrès de la géophysique et de la géochimie permettent de mieux interpréter les formes structurales, ces formes de relief conditionnées avant tout par les données géologiques. La connaissance des déformations de l'écorce terrestre et des matériaux rocheux a des conséquences sur les capacités d'aménagement des sociétés. En étudiant des paléo-formes associées à des dépôts, des vestiges ou des bio-indicateurs, la géomorphologie permet d'identifier et d'interpréter les conditions environnementales du passé ainsi que les changements qui ont pu se produire dans un milieu. Certains de ces changements, lents ou prenant la forme de crises brutales, ont des origines naturelles, tandis que d'autres, en particulier le déclenchement de phases récentes d'érosion, relèvent des conséquences des grandes transformations des équilibres morphodynamiques dues aux sociétés humaines, comme les défrichements (Neboit, 2010). De nombreux géomorphologues travaillent sur la reconstitution de formes résiduelles traduisant les effets d'agents et de conditions de morphogenèse dans des temps géologiques ou historiques. Certains géomorphologues sont associés à des archéologues en vue de reconstituer les conditions d'existence des sociétés anciennes. En contribuant à révéler l'intérêt patrimonial de formes plus ou moins associées à des conditions environnementales originales, appelées géomorphosites, la géomorphologie participe à la protection de paysages remarquables.
La végétation est un indicateur qui permet de déterminer les rythmes d'évolution de certaines formes avec lesquelles elle est en phase. Par exemple, à l'aide de l'étude des cernes de croissance des arbres (la dendrogéomorphologie), on reconstitue les rythmes des processus d'avalanches ou d'un glissement de terrain sur un versant. La biogéomorphologie étudie les relations entre les processus morphodynamiques et les êtres vivants, végétaux et animaux qui inhibent certains processus d'érosion et peuvent servir ainsi en génie écologique de moyens de défense contre des phénomènes d'érosion. Afin de bien comprendre les conditions d'élaboration de certaines formes du relief, des géodynamiciens entreprennent des études stationnelles d'observation des milieux, de mouvements de terrain ou des phénomènes de torrentialité. À l'aide de modèles réduits et de modèles mathématiques, ils proposent des interprétations des processus responsables de l'élaboration des formes. En cela, ils contribuent à fournir des éléments de compréhension des dynamiques en cours ou bien des dynamiques potentielles, offrant des moyens de décision pour les aménageurs. Ils proposent aussi des méthodes pour prévenir des aléas, comme des éboulements, des glissements de terrain, des crues torrentielles, fréquentes dans les milieux montagneux et dans les milieux tropicaux humides.[...]
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Écrit par
- Pierre PECH : professeur agrégé de géographie, professeur des Universités, enseignant-chercheur à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne
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