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GERVINUS GEORG GOTTFRIED (1805-1871)

Produit de la société bourgeoise de son temps, Gervinus doit être compté parmi ses plus importants porte-parole. Il était convaincu que l'abolition des barrières de classes, la libération des servitudes traditionnelles ainsi que l'appel au talent et à la production créeraient infailliblement un ordre social plus naturel, plus juste, donc meilleur.

Il débuta dans la carrière commerciale et ne se résolut que plus tard à faire des études. Dans ses travaux littéraires, il suivit la tradition d'une historiographie rationaliste de la civilisation, qui avait en même temps un fort accent politique.

Après quelques travaux savants mais sans originalité, il publie une œuvre monumentale : Geschichte der poetischen Nationalliteratur der Deutschen (1835-1838) et Neuere Geschichte der poetischen Nationalliteratur der Deutschen (1840-1842). C'était la première histoire de la littérature allemande qui ne se bornait pas à une fastidieuse énumération de faits, mais qui, placée dans le contexte de l'évolution, ouvrait de nouvelles perspectives. On lui doit une autre publication historique, Geschichte des neunzehnten Jahrhunderts seit den Wiener Verträgen (1855-1866), qui se voulait une suite de l'histoire du xviiie siècle de Schlosser. Il s'agit d'une œuvre foncièrement politique dont le sujet est la contestation de l'ordre créé par la Restauration de 1815, contestation marquée de revers et de succès, menée par le mouvement libéral et national. Ces idées à portée européenne se sont maintenues malgré beaucoup de critiques, et elles ont même été remises à l'honneur par des historiens modernes débarrassés des étroites conceptions nationalistes de la génération immédiatement postérieure à Gervinus.

Sur le plan politique, Gervinus déploya beaucoup d'activité, surtout au sein du milieu libéral, comme éditeur de la Deutsche Zeitung, organe influent du mouvement réformateur pour l'unité ; il fut, plus tard, quelque temps député à l'Assemblée nationale de Francfort.

Du fait de son comportement politique et scientifique, il se trouva isolé à la fin de sa vie. Il incarnait les conceptions de la première moitié du siècle. Le temps l'avait dépassé ; dans l'Empire allemand d'après 1871, son œuvre n'eut plus d'écho.

— Karl HAMMER

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Écrit par

  • : docteur en philosophie, Institut historique allemand, Paris

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Autres références

  • ALLEMAGNE (Histoire) - Allemagne moderne et contemporaine

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    • 26 883 mots
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    ...grandes tendances se dessinent au cours des années quarante. Les libéraux, dont le libéralisme se fonde volontiers sur l'histoire, comme chez Dahlmann et Gervinus, sont des monarchistes constitutionnels ; ils prennent parti pour la responsabilité ministérielle et le bicamérisme, réclament l'abolition...