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MUFFAT GEORG (1653-1704)

Organiste et compositeur, véritable génie cosmopolite. Né à Megève (Savoie) d'une mère française et d'un père soldat de l'armée autrichienne, dont la famille était originaire d'Angleterre et d'Écosse, Georg Muffat est l'un des plus grands musiciens autrichiens. Il porta notamment la musique d'orgue de l'Allemagne méridionale au plus haut niveau qu'elle ait connu à l'époque baroque : ses toccatas se situent à l'apogée de cette forme entre celles de Frescobaldi et celles de Jean-Sébastien Bach. En lui se manifestent, en une synthèse originale, les styles allemand, italien et français ; il en avait parfaitement conscience, comme l'indiquent ses préfaces à ses œuvres. On peut le tenir à bon droit comme l'un des principaux fondateurs du style composite typique de la musique baroque allemande. Dans sa prime jeunesse, Muffat se rendit à Sélestat et à Molsheim (Alsace), où il fréquenta vraisemblablement le collège des Jésuites. Il est resté pendant six ans à Paris auprès de Lully, qui l'initia à la composition pour orchestre à la française. En 1671, il joue de l'orgue à la cathédrale de Strasbourg. En 1674, on le retrouve à l'université d'Ingolstadt, puis à Vienne et à Prague. En 1678, il devient organiste et valet de chambre du prince-archevêque Maximilien Gandolf, comte de Kuenberg, à Salzbourg, lequel lui offre, en raison de son talent, des études musicales à Rome auprès de Bernardo Pasquini. Il rencontra aussi Corelli, dont l'influence se fit nettement sentir sur ses Armonico tributo cioè Sonate di camera (1682). Après la mort de l'archevêque, il séjourna à Munich et assista, à Augsbourg (1689), aux fêtes du couronnement de Joseph Ier. C'est à l'empereur de Vienne, Léopold Ier, qu'il dédia son chef-d'œuvre l'Apparatus musico-organisticus (1690). Enfin, en 1687, ou 1690, il devint, à Passau, organiste et musicien de la chambre du prince-évêque Johann Philipp, puis intendant des pages et maître de chapelle en 1695. C'est lui qui assura définitivement la victoire de la suite à grand orchestre avec ouverture à la française ; les deux Suavoris harmoniae instrumentalis hyperchematicae Florilegium I (1695) et Florilegium II (1698), soit quinze suites comprenant pour la plupart sept mouvements chacune, représentent le nouveau style. Johann Caspar Ferdinand Fischer a subi profondément l'influence d'une telle œuvre (Le Journal du printemps, 1696). Avec ses douze Concerti grossi (Exquisitoris harmoniae instrumentalis gravi-jucundae selectus primus, 1701), il introduit en Allemagne le style italien d'un Corelli. Ses canzone obéissent à la forme de la sonate en plusieurs mouvements (Sonate di camera, 1682) et ressemblent à celles de ses contemporains Johann Heinrich Schmelzer (Sonatae unarum fidium, 1662 ou 1664), Johann Rosenmüller (Sonate, 1682), Johann Christoph Pezel (Opus musicum sonatarum, 1686, sonates pour instruments à cordes et basse continue). Sa messe s'inscrit dans la ligne des grandes messes concertantes qui, à travers celles de Scarlatti, Leonardo Leo, Francesco Durante, Nicola Porpora, Johann Adolf Hasse, Antonio Caldara, Giovanni Alberto Ristori, Johann Joseph Fux, Johann Ernst Eberlin, Franz Xaver Murschhauser, conduisent à Mozart et à Haydn. Surtout, Muffat porta à son apogée en Allemagne méridionale, la toccata pour orgue introduite par Johann Jacob Froberger et Johann Kaspar Kerll. La toccata, d'origine italienne, lui avait été enseignée à Rome par B. Pasquini ; il avait pu connaître celles des Gabrieli et de Frescobaldi, voire d'Alessandro Poglietti. La toccata d'Allemagne du Sud est plus modeste que celle de l'école du Nord, créée par Jan Pieterszoon Sweelinck, laquelle est monumentale et fait appel à une partie de pédale ordinairement importante. Ici, sur[...]

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Écrit par

  • : psychanalyste, membre de la Société de psychanalyse freudienne, musicologue, président de l'Association française de défense de l'orgue ancien

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