BYRON GEORGE GORDON (1788-1824)
Le « byronisme », imitation idolâtre de ce poète anglais, fut un des éléments du romantisme européen. Ce phénomène, psycho-sociologique plus que littéraire, fut déterminé par la vogue extraordinaire des premières œuvres poétiques de lord Byron, en particulier Le Pèlerinage de Childe Harold (1812-1818). Cependant, celui qui était salué par ses contemporains comme le type achevé du poète romantique n'avait que mépris pour les écrivains romantiques de son temps et n'admirait que les classiques. Et son dernier grand ouvrage, Don Juan, se trouve aux antipodes du romantisme.
Mais la pose du héros ou du dandy byronien, beau ténébreux hautain, mélancolique et solitaire, promenant avec ostentation son ennui et son cœur en écharpe, beaucoup plus que de l'œuvre, s'inspira de la personnalité singulière de lord Byron, de sa vie mouvementée, de sa mort héroïque, et de la légende mystérieuse que ses admirateurs et détracteurs lui créèrent de son vivant comme après sa mort.
Le dandy et le héros romantique
La famille
George Gordon Byron naquit à Londres le 22 janvier 1788. Son père, le capitaine John Byron, était un inconscient prodigue et séduisant. En 1779, il avait enlevé, fait divorcer et épousé en premières noces la marquise de Carmarthen, qui mourut en 1784, laissant une fille, Augusta Byron (1783-1851). Cette demi-sœur du poète devait jouer un rôle important dans sa vie et dans sa légende. En 1807, elle épousa son cousin germain, le colonel de dragons George Leigh.
Les Byron descendaient d'une très ancienne famille de Vikings. Le premier baron Byron, général fidèle aux Stuart, fut anobli en 1643. Le grand-père du poète, l'amiral John Byron, surnommé « foulweather Jack », avait été un navigateur hardi et malchanceux.
Le capitaine John Byron s'était remarié en mai 1785 avec Catherine Gordon de Gight, du comté d'Aberdeen, descendante de l'ancienne famille royale d'Écosse. Ce mariage fut malheureux ; les deux époux se séparèrent bientôt. George n'avait pas trois ans quand son père mourut, laissant sa femme dans la misère.
L'enfance
L'enfant unique fut élevé par une mère instable, passionnée, irascible, à la tendresse tyrannique. Il était pied-bot, soit de naissance, soit à la suite d'une paralysie infantile, et cette infirmité l'affligea profondément.
Mrs. Byron et son fils demeurèrent en meublé à Aberdeen, dans la gêne, jusqu'en mai 1798. À cette date, par la mort de son grand-oncle, George devint le sixième baron Byron et hérita du domaine de Newstead Abbey, dans le comté de Nottingham. Le château, ancien prieuré normand, était en ruine, et les terres lourdement hypothéquées. Mrs. Byron s'installa à Nottingham, envoya son fils à Dulwich School puis à Harrow où il fut pensionnaire de 1801 à 1805. Il y acquit une solide connaissance du latin et du grec, une grande admiration pour les lettres classiques et la littérature anglaise du xviiie siècle, un goût très vif pour la poésie et l'histoire. Il y fréquenta des jeunes gens de son rang et, malgré son infirmité, pratiqua avec brio la natation, le cricket et l'équitation.
Son développement affectif fut précoce ; à l'en croire, il n'avait que dix ans lorsqu'il tomba amoureux de sa cousine Mary Duff. Pendant l'été de 1803, il s'éprit plus sérieusement peut-être d'une autre cousine un peu plus âgée que lui, Mary Chaworth. Cette première grande passion, déçue par le mariage de la jeune fille, serait évoquée dans une demi-douzaine de poèmes des Heures de loisir, dans le premier chant du Chevalier Harold et dans Le Rêve (1816).
« George Gordon lord Byron, a minor »
En octobre 1805, il entre à Trinity College, Cambridge. Il s'y fit des amitiés sérieuses, notamment John Cam Hobhouse, futur lord Broughton, qui sera son compagnon de voyage et son exécuteur[...]
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Écrit par
- François NATTER : agrégé d'anglais, maître assistant d'anglais à l'université de Paris-Sorbonne, doyen de la faculté libre de Paris
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