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BYRON GEORGE GORDON (1788-1824)

« Childe Harold » et « Don Juan »

Ses œuvres en prose à l'exception des Observations sur la vie et les écrits de Pope (1821), sont posthumes. Ce sont ses Lettres et journaux (6 vol., Londres, 1898-1903), publiés par R. E. Prothero (lord Ernle), et Correspondance de lord Byron, principalement avec Lady Melbourne, publiée par John Murray (Londres, 1922).

Les Mémoires, confiés à Thomas Moore par lord Byron et déposés, avec l'assentiment de Byron, chez John Murray, en gage d'une avance de 2 000 livres, furent jugés impubliables par ses amis et brûlés peu après sa mort, chez Murray, le 17 mai 1824.

La correspondance est d'un style nerveux, vif, dépouillé, et témoigne d'une observation pénétrante, d'un humour primesautier et enjoué. Elle est du plus haut intérêt pour la connaissance de la personnalité véritable et de la vie de l'écrivain.

L'œuvre poétique (E. H. Coleridge éd., 7 vol., 1898-1903) est beaucoup plus considérable que l'œuvre en prose. Essentiellement poète, Byron, de son vivant, ne publia que des vers.

Heures de Loisir, sa première œuvre, est un recueil de poèmes lyriques, originaux ou imités de poètes élégiaques latins ou grecs. Ces courts poèmes dénotent une grande précocité dans la technique de la poésie, mais en dépit du désir de scandaliser, l'expression des sentiments y est conventionnelle et floue. Beaucoup d'entre eux, intitulés À Emma, À Mary, À Caroline, Le Premier Baiser de l'amour, ont le ton romantique de la confession personnelle.

De la même veine, mais beaucoup plus mûrs, sont les Poèmes sur diverses occasions (1807-1824) et les Poèmes privés (1816), qui comprennent les beaux poèmes adressés à sa femme (Adieu) et à sa sœur (Stances à Augusta, Lettre à Augusta) dont le caractère autobiographique est évident.

« Childe Harold »

Le Pèlerinage de Childe Harold est un long poème (4 455 vers) en quatre chants, écrit en strophes spenceriennes. Les deux premiers chants parurent en 1812. L'auteur, affublé, de façon d'ailleurs transparente, de l'accoutrement moyenâgeux du chevalier Harold, y relate son premier voyage en Méditerranée et en Orient. Les descriptions pittoresques y alternent avec des méditations mélancoliques et vagues qui mettent avantageusement en relief le pèlerin-chevalier solitaire.

Au chant III, le masque du chevalier disparaît. L'auteur raconte, non sans emphase, son départ d'Angleterre, et promène son amertume dédaigneuse et blasée de Waterloo au lac de Genève, le long des ruines féodales de la vallée du Rhin. Il médite sur les sites historiques et s'abandonne au charme sublime de la nature. Au chant IV, le mélancolique pèlerin se tient à Venise sur le pont des Soupirs, puis à Rome devant le Colisée, et se répand en considérations désabusées sur l'histoire et sur la destinée humaine.

Ce genre, dont il fut le créateur, soutenu par une langue ferme et sonore, volontairement archaïsante, une prosodie habile et musicale, eut un succès inouï et fit de lui pour l'Europe entière l'archétype qu'il fallait s'efforcer d'imiter.

Les contes romantiques

Les contes romantiques orientaux, Le Giaour (juin 1813), La Fiancée d'Abydos (nov. 1813), Le Corsaire (févr. 1814), Lara (août 1814), furent suivis d'autres récits historiques en vers, de la même veine tragique et romanesque : Parisina, le Siège de Corinthe (fév. 1816), Le Prisonnier de Chillon (déc. 1816), Mazeppa (juin 1819), L'Île (juin 1823). Ils ont tous certains traits communs : une tragique histoire d'amour contrarié ou interdit et de mort ; de nobles héros révoltés, sombres et malheureux, ressemblant comme des frères à Childe Harold et à lord Byron ; de belles héroïnes pathétiques passionnément dévouées à leur amant ; un somptueux décor oriental ou exotique (L'Île est[...]

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Écrit par

  • : agrégé d'anglais, maître assistant d'anglais à l'université de Paris-Sorbonne, doyen de la faculté libre de Paris

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Média

Lord Byron - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

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