HILL GEORGE ROY (1921-2002)
Les films de George Roy Hill se caractérisent par la fluidité de la narration, l'élégance de l'écriture, le raffinement de la lumière, la nonchalance du rythme qui leur confèrent charme et musicalité. Ce style en demi-teinte est certainement à l'origine du malentendu les concernant ; ils sont en effet souvent jugés aimables et futiles. Or le monde qu'ils décrivent n'est rien de tel : c'est un monde en guerre ou en crise. La violence et la mort y règnent, ainsi que l'autorité des affairistes, des fanatiques et des représentants de l'ordre.
Né le 20 décembre 1921 à Minneapolis, dans le Minnesota, George Roy Hill fait ses études à l'université Yale, où il suit les cours de composition de Paul Hindemith. En 1943, il obtient son diplôme de bachelor of arts. Il sert ensuite pendant deux ans dans le Pacifique Sud en tant que pilote des forces aéronavales du corps des marines. Libéré, il travaille comme reporter avant de se rendre en 1946 en Irlande, où il poursuit ses études au Trinity College de Dublin et achève sa thèse de doctorat sur l'emploi des formes musicales par James Joyce dans Ulysse et Finnegans Wake.
George Roy Hill, qui avait commencé à s'intéresser à l'art dramatique à Yale, fait, en 1948, ses débuts d'acteur professionnel, au sein de l'Irish Company, dans The Devil's Disciple de George Bernard Shaw. Nanti d'un doctorat en lettres anglaises, il retourne, en 1949, aux États-Unis. Là, il se produit sur scène, en tournée, « off-Broadway » et à Broadway. En 1950, il est rappelé sous les drapeaux au moment de la guerre de Corée. Après dix-huit mois passés comme instructeur de pilotes de chasse du corps des marines, il est démobilisé avec le grade de major. Ne trouvant pas d'engagement comme acteur, si ce n'est un petit rôle dans un film de série B, il se tourne vers la télévision où il œuvre comme scénariste-adaptateur et assistant-réalisateur avant de devenir réalisateur en 1955. Il dirige alors une vingtaine de dramatiques en direct, qui le placent, aux côtés de John Frankenheimer, Sidney Lumet ou Arthur Penn, parmi les meilleurs créateurs du petit écran. Il abandonne celui-ci en 1959, pour se consacrer à la mise en scène théâtrale, une activité qu'il menait parallèlement à celle de téléaste depuis 1957. En 1961, M.G.M. l'engage pour porter à l'écran la pièce de Tennessee Williams Period of Adjustment, qu'il avait montée sur scène l'année précédente. À près de quarante ans, il entame donc une nouvelle carrière.
L'œuvre de George Roy Hill n'est constituée que de quatorze films, tournés sur près de trente ans, qui explorent les genres les plus divers : comédie[Period of Adjustment (L'École des jeunes mariés), 1962], mélodrame[Toys in the Attic (Le Tumulte), 1963], comédie dramatique[The World of Henry Orient (Deux copines... un séducteur), 1964], film épique à costumes (Hawaï, 1966), comédie musicale[Thoroughly Modern Millie (Millie), 1967], western[Butch Cassidy and the Sundance Kid (Butch Cassidy et le Kid), 1969], film de guerre et « fantastique »[Slaughterhouse-Five (Abattoir 5), 1971], film de gangsters et « caper movie »[The Sting (L'Arnaque), 1973], film d'aviation[The Great Waldo Pepper (La Kermesse des aigles), 1974], film de sport[SlapShot(La Castagne), 1977], « love story » [(A Little Romance (I love you, je t'aime), 1979], tragi-comédie[The World According to Garp(Le Monde selon Garp), 1982], thriller d'espionnage[The Little Drummer Girl (La Petite Fille au tambour), 1984], comédie « burlesque » (FunnyFarm, 1988). Malgré cette diversité, l'ensemble est d'une parfaite homogénéité. En s'appuyant sur des acteurs tels que Peter Sellers, Paul Newman ou Robert Redford, ces films mettent en scène des personnages en perpétuel mouvement, toujours[...]
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Écrit par
- Alain GAREL : critique et historien de cinéma, professeur d'histoire du cinéma
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