SAND GEORGE (1804-1876)
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George Sand
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L’écrivaine française George Sand a laissé une œuvre exceptionnelle par son ampleur, sa diversité et son inventivité. Pourtant, alors qu’elle était admirée et reconnue de son vivant comme l’égale de ses amis Balzac et Flaubert, l’histoire littéraire, dès la fin du xixe siècle, a eu tendance à minorer sa place. L’institution scolaire a ainsi longtemps contribué à réduire l’œuvre à une poignée de « romans champêtres », décontextualisés de leur environnement révolutionnaire. Les amours de Sand avec Musset et Chopin ont fait oublier l’engagement politique et social, et le cliché de la « bonne dame de Nohant », répandu à la fin de la vie de l’auteure, a eu tendance à affadir une personnalité complexe. La relecture des écrits de Sand tend désormais à valoriser non seulement l’amplitude de l’œuvre romanesque et ses facettes multiples, mais aussi l’écriture de soi déployée à travers une longue autobiographie et une correspondance impressionnante, une œuvre dramatique et journalistique hors du commun.
Une enfance atypique
L’autobiographie de George Sand, Histoire de ma vie (1854-1855), insiste sur son origine sociale mixte. Elle comprend dans sa lignée paternelle, par la main gauche, un roi et un des plus grands stratèges militaires du xviiie siècle, Maurice de Saxe, mais son ascendance maternelle est modeste. Sophie Delaborde, la mère de George Sand, suivait les armées napoléoniennes comme cantinière lorsqu’elle rencontre Maurice Dupin de Francueil, un officier qui l’épouse malgré l’opposition de sa propre mère. Aurore Dupin, la future George Sand, née le 1er juillet 1804, est l’enjeu de conflits et de tensions entre les deux branches familiales qui s’exacerbent après la mort du père, en 1808. L’enfant est finalement confiée à la tutelle de sa grand-mère paternelle et élevée au château de Nohant, dans le Berry (Indre). D’entrée de jeu, elle se voit comme appartenant à deux classes sociales antagonistes. Cette mythographie va servir et justifier l’engagement social de Sand auprès des déshérités.
L’éducation de la jeune Aurore est également hors norme puisqu’elle retrouve son milieu maternel parisien et populaire régulièrement, court la campagne avec de petits paysans et bénéficie des leçons d’un précepteur, qui lui donne la même éducation que celle qu’avait reçue son père (histoire, philosophie, mathématiques, quelques éléments de science, rudiments de latin). La future écrivaine se nourrit tout au long de son enfance et de son adolescence d’intensives lectures (l’Iliade, le Roland Furieux de L’Arioste, La Jérusalem délivrée du Tasse) et, plus tard, à dix-sept ans, des philosophes, puisque sa grand-mère lui transmet une relation vivante avec les auteurs et les idéaux des Lumières, notamment avec Jean-Jacques Rousseau. En 1818, Aurore Dupin intègre pendant deux ans le couvent des Dames augustines anglaises à Paris, où elle vit une crise mystique.
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Écrit par
- Marie-Ève THÉRENTY : professeure des universités, université Paul-Valéry Montpellier 3, membre senior de l'Institut universitaire de France
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