SAND GEORGE (1804-1876)
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L’extraordinaire palette
En fait, l’histoire littéraire a longtemps minoré une œuvre romanesque comparable par sa taille (près de 80 romans) à l’œuvre-monde d’Honoré de Balzac. Et la critique s’est intéressée tardivement à des pratiques génériques et littéraires qui, à côté du roman, ont mobilisé Sand pendant toute sa vie, comme la lettre, le théâtre ou l’article de presse.
Il faut souligner effectivement l’importance de la correspondance, qui compte environ 20 000 lettres, échelonnées presque sur toute la vie de Sand, depuis 1812 jusqu’en 1876, et adressées à plus de deux mille correspondants. Non seulement ces lettres ouvrent une voie à la connaissance de l’écrivaine, vie et œuvre mêlées, mais elles offrent également un portrait mouvant du siècle et de la société, avec ses fractures et ses révolutions, en plus de composer également en elles-mêmes un gigantesque monument littéraire.
L’envie de théâtre constitue un autre fil rouge de la carrière de George Sand, depuis la publication d’œuvres dialoguées dans la presse (Gabriel dans la Revue des Deux Mondes, 1839), la réinvention sur le grand théâtre de Nohant, à partir de 1846, de la commedia dell’arte, la tentation d’un théâtre du peuple, sous la IIe République (Le Roi attend,1848), jusqu’à la production de pièces pour les théâtres parisiens bourgeois, sous le second Empire. Entre le premier essai dramatique rédigé en 1831, Une conspiration en 1537 (qui inspirera Lorenzaccio à Musset), et « Le théâtre des marionnettes de Nohant », article testamentaire de 1876, Sand propose sa vision de la scène. Certaines pièces ont connu un grand succès, comme François le Champi (1849), l’adaptation du roman, mais aussi Claudie (1851)ou Le Marquis de Villemer (1864). Il s’agit pour l’écrivaine « de donner au peuple des spectacles moralisateurs, consolants, attendrissants, une sorte de contrepoison à cette littérature dramatique […] qui parle aux grosses fibres nerveuses et non aux fibres délicates du cœur », écrit-elle au comédien Bocage en 1850.
Le continent journalistique sandien est aussi longtemps resté méconnu. À de multiples égards pourtant, la carrière journalistique de George Sand constitue un phénomène exceptionnel au xixe siècle, notamment pour une femme. Elle est d’abord massive (près de 400 articles dont certains, comme l’Essai sur le drame fantastique, en 1839, font plus de 80 pages). C’est toutefois surtout par sa diversité que cette production journalistique étonne. Polygraphe, Sand ne s’est pas cantonnée à une forme ou une rubrique, elle a utilisé pratiquement toute la palette du journaliste et du reviewer. Elle a fréquenté une gamme large de journaux : quotidiens, grandes revues, magazines, illustrés, petits journaux littéraires…
L’écrivaine ne s’est pas restreinte non plus à un genre : elle a pratiqué la critique dramatique, la critique littéraire, la critique picturale, la critique musicale, les grands articles politiques, le récit de voyage, les études de mœurs, les nécrologies, le droit de réponse. Cette carrière journalistique suit en parallèle toute sa carrière littéraire : elle a commencé dans le Figaro, en 1831, et l’un de ses derniers écrits, en 1876, est un article critique sur Renan qu’elle destinait au Temps. Elle-même ne considérait pas cette production comme mineure dans l’ensemble de son œuvre puisque, régulièrement, elle s’est évertuée à republier en recueils ses articles : Lettres d’un voyageur (1837), Souvenirs et impressions littéraires (1862), Autour de la table (1862), Promenades autour d’un village (1866), Impressions et souvenirs (1873).
En ce qui concerne le roman, l’œuvre de Sand a longtemps été présentée par périodes : la période bleue, qui correspond aux romans du mal du siècle au féminin ; la période blanche, dominée par la fresque musicale de Consuelo-La[...]
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Écrit par
- Marie-Ève THÉRENTY : professeure des universités, université Paul-Valéry Montpellier 3, membre senior de l'Institut universitaire de France
Classification
Médias
George Sand
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George Sand
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