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SANTAYANA GEORGE (1863-1952)

Philosophe américain né à Madrid en 1863, George Santayana meurt à Rome en 1952. Son père était castillan ; sa mère, d'origine catalane et née à Glasgow, était veuve d'un Américain : George Sturgis, épousé en premières noces. George Santayana suivit d'abord ses parents à Ávila en 1866, puis sa mère à Boston en 1872. Son enfance à Ávila le marqua très profondément. S'il s'adapta fort bien à la Nouvelle-Angleterre, il revint en Europe aussitôt qu'il le put en 1912.

Professeur de philosophie à Harvard, George Santayana participa à tous les débats philosophiques de l'âge d'or de la philosophie américaine. Il fut poète, romancier et essayiste tout autant que philosophe ; et c'est en poète philosophe qu'il conçoit et dit le monde avec une élégance de style qui le distingue de tous les autres philosophes américains, William James compris.

Pragmatiste et naturaliste indépendant, il rejette le néo-réalisme pour un réalisme criticiste fort différent de celui des autres réalistes criticistes. Son pragmatisme et son naturalisme n'ont de commun avec ceux des autres philosophes américains que les appellations. Santayana est dualiste, et son réalisme criticiste constitue un scepticisme radical. Il y a, d'un côté, les choses matérielles et, de l'autre, « les règnes de l'Être » qui « ne font pas partie du cosmos, ni ne forment ensemble un grand cosmos : ils ne sont que des genres de catégories de choses ». Ces catégories ne disent cependant rien des choses. Ce sont des idées que le philosophe, comme tout homme, se fait des choses. La métaphysique, la religion, la science « sont de grandes allégories que l'action interprète ». C'est à cela que se réduit le pragmatisme de Santayana. Quant à son naturalisme, il ne signifie même pas que les choses existent. Santayana nie « l'existence de toute donnée quelle qu'elle soit », parce qu'on n'en peut apporter aucune preuve ; « la croyance en l'existence de quoi que ce soit, y compris moi-même, est quelque chose de radicalement dénué de preuve et reposant, comme toute croyance, sur une opinion et un besoin vital irrationnels » : voilà ce qu'on peut lire dans Scepticism and Animal Faith (1923), qui annonce la grande œuvre, The Realms of Being (4 vol., 1927-1940). Antérieurement, Santayana avait publié The Life of Reason, ouvrage en cinq volumes (1905-1906) qu'il ramassa en un volume en 1952-1953. Il y décrit la vie de la Raison dans le sens commun, la société, la religion, l'art et la science.

C'est à Rome que Santayana vécut la tragédie de la Seconde Guerre mondiale. Il y écrivit Dominations and Powers : Reflections on Liberty, Society and Government qui parut en 1951. C'est la vie de la Raison dans la société revue par l'auteur des « règnes de l'Être » : la raison cède la place à la nature.

Une édition critique des œuvres de Santayana est en cours aux États-Unis sous la direction de W. C. Holzberger et H. J. Saatkamp Jr. Avaient déjà paru à la fin de 1993 l'autobiographie, Persons and Places, les œuvres esthétiques, The Sense of Beauty et Interpretations of Poetry and Religion, ainsi qu'un roman, The Last Puritan. Devaient suivre la correspondance et les œuvres philosophiques.

— Gérard DELEDALLE

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Écrit par

  • : professeur émérite de philosophie à l'université de Perpignan, secrétaire général de l'Association internationale de sémiotique

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