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STIGLER GEORGE (1911-1991)

Né le 17 octobre 1911 à Renton, dans l'État de Washington, docteur de l'université de Chicago en 1938, le professeur George Stigler a fait toute sa carrière comme enseignant aux universités de l'Iowa (1936-1938), du Minnesota (1938-1946), à Brown University (Rhode Island) en 1946-1947, à Columbia (1947-1958), enfin à Chicago (1958-1981). Il n'a pas eu, en Europe, une audience comparable à celle qu'ont pu atteindre les analyses de son collègue Milton Friedman.

Stigler s'est consacré à tous les aspects théoriques de la science économique, mais c'est essentiellement pour ses contributions en matière d'organisation industrielle que le prix Nobel d'économie lui a été attribué le 20 octobre 1982.

Connu pour ses travaux sur les théories de la production, des coûts et des structures industrielles, Stigler a ouvert de « nouvelles perspectives sur les modes de fonctionnement et les structures des marchés ». C'est ainsi que, dès le début des années 1960, il critique les réglementations étatiques et tourne son programme de recherche vers l'application de la science économique aux comportements politiques. Pour cela, il travaille avec deux autres économistes de renom : Gary Becker, pour l'application de l'économie à la sociologie, et Richard Posner, pour l'application de l'économie aux problèmes juridiques.

Sur le plan méthodologique, le raisonnement de Stigler reste dans les limites de l'analyse micro-économique et part de postulats simples. Pour les consommateurs, l'économie la plus efficace est celle où règne la libre concurrence. Seules exceptions, peut-être : le contrôle des loyers, avantageux pour les consommateurs locataires, et l'intervention de l'État pour corriger certains dysfonctionnements du marché (la pollution, par exemple). Pour les entreprises, il estime que certaines politiques monopolistiques entravent la concurrence et permettent à celles qui devraient normalement être éliminées (du fait de coûts fixes de production trop élevés) de se maintenir sur le marché. C'est ce qu'il appelle le « principe du survivant ». Quant à l'intervention de l'État, elle devient très vite coûteuse à la fois pour le consommateur, qui paiera plus cher les produits concernés, et pour l'industriel, qui utilisera ces produits dans son propre processus de production. La protection de certaines industries n'aidera souvent qu'à la recherche d'une rente de situation.

Mais, et c'est là que Stigler dépasse le message habituel de l'école de Chicago, l'obstacle principal à un retour au libéralisme viendrait de la « communauté des affaires » elle-même. Contrairement à certaines idées reçues, le dirigisme est loin d'annoncer le « crépuscule du capitalisme ». Bien au contraire, il débarrasse les hommes d'affaires des contraintes de la concurrence et ne les incite guère à souhaiter le relâchement des interventions publiques. Les choix publics, comme les décisions politiques, seront alors biaisés en faveur des groupes de pression dominants. Stigler examine en profondeur l'action de la législation économique sur les marchés et aboutit à l'hypothèse selon laquelle certaines réglementations peuvent être conçues de manière à protéger les entreprises, les organisations et les groupes professionnels (donc les intérêts des producteurs) plutôt que le public et les consommateurs.

Les travaux de George Stigler mettent également en relief le rôle de l'information dans l'évolution du marché. Selon la théorie traditionnelle, le cours des événements du marché doit mener à ce que chaque marchandise soit vendue partout au même prix. D'après Stigler, ce phénomène peut s'expliquer si les frais de recherche et de diffusion de l'information sur les marchandises et les prix sont insérés dans le modèle global,[...]

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