WASHINGTON GEORGE (1732-1799)
Le premier président des États-Unis
Dans le choix de ses collaborateurs, Washington fit un savant dosage, non entre les partis qui n'existaient pas encore, mais entre les représentants des deux tendances qui avaient divergé sur le vote, puis sur l'interprétation de la Constitution. Il fit d' Alexander Hamilton son secrétaire au Trésor (ministre des Finances) et de Thomas Jefferson son secrétaire d'État (ministre des Affaires étrangères). Le premier représentait les milieux d'affaires, les admirateurs du gouvernement britannique et les tenants d'une interprétation étroite de la Constitution ; le second, les milieux ruraux et, dans une certaine mesure populaires, défenseurs d'une interprétation large de la Constitution, c'est-à-dire enclins à reconnaître aux États, et non au pouvoir fédéral, tout ce qui ne leur était pas expressément attribué dans le texte écrit. Entre ces deux tendances, qui donnèrent peu à peu naissance aux fédéralistes et aux républicains (démocrates), Washington chercha à maintenir l'équilibre, à la manière d'un souverain constitutionnel, dont le modèle ne pouvait être que le roi d'Angleterre. Dépourvu de formation politique, il ne comprenait pas l'utilité des partis, qu'il tenait, comme beaucoup de ses contemporains, pour des factions nuisibles, et son tempérament s'accommodait mieux d'un rôle de conciliateur. Cependant, ses préférences allaient à Hamilton, dont il soutint la politique nationaliste et conservatrice : mise en vigueur d'un tarif douanier élevé, destiné à favoriser la naissance d'une industrie nationale, consolidation de la dette publique, création d'impôts indirects sur les produits de consommation et, surtout, fondation d'une banque d'État. Ces mesures lui aliénèrent l'appui des partisans de Jefferson qui abandonna ses fonctions en décembre 1793. Au cours de son second mandat, et malgré qu'il en eût, Washington apparut nettement comme l'homme des fédéralistes, ce qui le fit taxer par ses adversaires d'aspirant à la dictature, surtout après la répression brutale de la révolte des petits paysans distillateurs en Pennsylvanie (Whiskey Rebellion, 1794).
Le contraste entre l'idéal de Washington et les réalités ressort encore mieux des relations extérieures. Le début de son premier mandat coïncide, en gros, avec l'explosion révolutionnaire en France, et le second avec le conflit franco-britannique qui se prolongea jusqu'en 1815. Washington aurait voulu cantonner son pays dans une neutralité totale et parfaite, mais ses sympathies allaient à l'Angleterre, dont le type de gouvernement était son modèle et qui devint le premier partenaire commercial de la nouvelle république. Ses sympathies, il les partageait avec Hamilton, mais non avec Jefferson, admirateur de la France révolutionnaire. Dès les débuts de son mandat, le 22 avril 1793, il lança une proclamation de neutralité, interdisant aux navires américains de fournir du matériel de guerre aux belligérants. Inquiet des menées du ministre français aux États-Unis, le citoyen Genêt, qui, sous couvert d'activités diplomatiques, cherchait à établir des bases françaises sur le sol américain, il en demanda et obtint le désaveu (1794), mettant ainsi fin à l'alliance française dont l'efficacité avait singulièrement diminué depuis la paix de 1783. Du même coup, il se condamnait à manifester ses sympathies pour la Grande-Bretagne, auprès de laquelle il envoya la mission Jay. Les différends entre les deux pays furent réglés par le traité Jay (1794) qui souleva l'opposition des républicains jeffersoniens, au point qu'ils réclamèrent la mise en accusation de Washington pour haute trahison (impeachment). En dépit de ces violentes attaques, Washington conserva une sérénité qui s'exprime dans son[...]
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Écrit par
- Claude FOHLEN : professeur à la faculté des lettres et sciences humaines de Paris
Classification
Médias
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