WASHINGTON GEORGE (1732-1799)
Tradition et légende
Au terme de son second mandat, alors âgé de soixante-cinq ans, Washington décida de ne pas se représenter à la magistrature suprême. La majorité des historiens a interprété cette décision comme un acte suprême de sagesse politique dans un gouvernement qui se voulait démocratique, à la mode du xviiie siècle. Washington ne s'était, certes, jamais entièrement senti à l'aise dans les intrigues politiques, mais il semble aussi avoir ressenti certaines attaques formulées contre lui et avoir mesuré la portée de certains échecs, comme la cristallisation de l'opinion autour de deux partis et l'impossibilité de maintenir une stricte neutralité dans la guerre que se livraient Français et Britanniques. Au moment où il décida de se retirer définitivement des affaires publiques, son prestige était encore immense, et c'est cette image que la postérité a retenue. Son exemple devint la loi orale de l'État, et aucun président ne postulera plus de deux mandats présidentiels, du moins jusqu'à Franklin D. Roosevelt, qui put facilement arguer de la guerre pour un troisième, puis un quatrième mandat. La tradition devint loi écrite avec le 22e amendement à la Constitution, proposé en 1947, ratifié en 1951, en vertu duquel les fonctions présidentielles se limitaient à huit années, au plus.
Au moment de sa mort, en 1799, George Washington était déjà vénéré comme un être surhumain. Et pourtant nul plus que lui n'a eu conscience des limites et des faiblesses humaines. Mais comme plus tard Bolívar ou Lénine, il est entré tout entier dans la légende et recouvre les débuts de l'histoire américaine. Pour les uns, il est le père de l'anticolonialisme, pour les autres, le fondateur d'une démocratie modèle, pour d'autres encore, l'archétype de l'homme d'État. Il a donné son nom à la capitale de l'État à la fondation duquel il a contribué, chaque ville lui a réservé une place, ou un boulevard, ou encore un monument, et un des cinquante États porte son nom. Son exemple est constamment cité comme celui de Cincinnatus du Nouveau Monde, interrompant sa vie paisible pour répondre aux appels successifs d'une patrie qui ne peut se passer de lui. Et sa tombe, au bord du Potomac, dans sa plantation de Mount Vernon, est vénérée presque à l'égal de celle de Lénine sur la place Rouge.
Le statut qu'a acquis Washington tient non pas à des dons exceptionnels, mais à l'image qu'il a donnée de la république américaine encore dans l'enfance. Le fondateur de celle-ci a su allier en lui la grandeur aristocratique et un peu distante du planteur virginien, le sens de l'équilibre dans l'exercice du gouvernement, ce que les Américains appellent les checks and balances, la fierté nationale face aux prétentions d'États plus puissants et la mesure des besoins quotidiens de l'existence.
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Écrit par
- Claude FOHLEN : professeur à la faculté des lettres et sciences humaines de Paris
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Médias
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