BARSKI GEORGES (1909-1985)
Georges Barski est né en 1909 à Varsovie en Pologne. C'est là qu'il a fait ses études secondaires et universitaires, et obtenu le doctorat ès sciences. Au cours de la guerre, il a vécu de nombreux drames et perdu sa famille. En 1945, attiré par la science française, il décide de s'établir à Paris pour effectuer des études supérieures de spécialisation à l'Institut Pasteur. Rapidement remarqué pour ses aptitudes exceptionnelles, il se voit confier en 1947 la direction du laboratoire de culture de tissus au service de virologie de cet Institut, et est nommé chercheur au C.N.R.S.
Plus tard, en 1958, Georges Barski se voit confier la tâche de fonder et d'organiser le Laboratoire de culture de tissus et de virologie à l'Institut Gustave-Roussy, le centre anticancéreux de Villejuif. Il en assume la direction pendant vingt années riches en découvertes. Orienté désormais dans ses recherches vers les problèmes de la cancérisation cellulaire, de ses mécanismes et de ses conséquences, il entreprend avec ses collaborateurs, entre 1959 et 1961, des expériences originales qui le conduisent à la découverte de l'hybridation de cellules somatiques. Il eut l'idée de vérifier l'éventualité d'un transfert d'information génétique entre deux sortes de cellules de mammifère, Georges Barski a donc réalisé des cultures cellulaires mixtes dans lesquelles il a cocultivé, intimement associées, des cellules murines (cellules de souris) tumorigènes avec des cellules murines d'une autre sorte dépourvues de capacité tumorigène. Il s'agissait de deux souches cellulaires clonales qui différaient l'une de l'autre non seulement par leur tumorigénicité mais également par leur morphologie et surtout — particularité importante — par l'aspect de leurs chromosomes « marqueurs » spécifiques distincts qui rendaient les composantes des cultures mixtes identifiables à l'examen. Après plusieurs semaines de coculture, Georges Barski a constaté l'accumulation de cellules d'un nouveau type : cellules « hybrides », comme il les a désignées, réunissant dans leur complément chromosomique la somme des chromosomes — et des chromosomes marqueurs spécifiques — des deux sortes de cellules parentales initialement présentes. Ce fait témoignait de la mise en commun par fusion cellulaire des deux génomes différents et de leur organisation en noyau unique. Évaluées ensuite pour leur capacité tumorigène par greffe à des animaux appropriés, les souches hybrides ont provoqué la formation de tumeurs qui se sont révélées composées de cellules de nature toujours hybride, confirmant ainsi la stabilité de ce caractère. Ce faisant, Georges Barski a également démontré d'emblée que, dans les conditions de ses expériences et avec le modèle utilisé, l'information génétique conférant aux cellules la malignité l'emportait sur l'information de la non-malignité, et cela en fonction peut-être d'une certaine ségrégation chromosomique observée.
La découverte de l'hybridation somatique a ouvert de nouvelles possibilités à des recherches essentielles conduites également dans d'autres laboratoires en France et à l'étranger. À titre d'exemples, évoquons les progrès dans la localisation chromosomique des gènes, comme dans la connaissance des complémentations géniques des maladies génétiques, les acquis concernant la différenciation cellulaire ou encore la découverte de la production des anticorps monoclonaux purs par les « hybridomes ». Cette dernière découverte a révolutionné l'immunologie et permis des applications majeures tant en biologie qu'en médecine. Elle a, du reste, valu le prix Nobel à ses auteurs, Milstein et Köhler, en 1984.
Bibliographie
G. Barski, « Cell Association and Somatic Cell Hybridization[...]
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Écrit par
- Jean BELEHRADEK : docteur en médecine, directeur de recherche au C.N.R.S.
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