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BERNIER GEORGES (1911-2001)

Georges Bernier est né à Paris, de parents russes, le 31 mars 1911. Fils d'un avocat international, son éducation bourgeoise et ses gouvernantes anglaises le rendront parfaitement bilingue, facilitant ainsi une carrière qui se déroulera tant en France qu'aux États-Unis et en Grande-Bretagne. Ses études de philosophie ne l'empêchent pas de développer très tôt un intérêt pour l'art qui le porte alors vers le cinéma. L'amitié du réalisateur Jean Aurenche le met en contact avec Max Ernst et le plonge ainsi dans le milieu surréaliste, avec lequel il se lie aussitôt. Une relation amicale avec André Breton, des rencontres multiples avec Miró, Giacometti, André Masson, l'amènent à fréquenter également le psychanalyste Jacques Lacan ou l'éditeur Albert Skira, tous deux proches du groupe surréaliste. C'est ce dernier qui, en lui confiant certains de ses intérêts aux États-Unis, lui fournit sa première approche du monde de l'édition.

Ayant rallié New York, après la défaite française de 1940, il y dirige la section française de la radio La Voix de l'Amérique (dont André Breton est le speaker), avant de travailler à Londres à la B.B.C. Revenu à Paris à la Libération, il poursuit cette activité journalistique, mais dans la presse écrite, collaborant d'abord au Parisien libéré, avant de devenir correspondant diplomatique de France-Soir que dirige Pierre Lazareff. C'est celui-ci qui le présentera en 1953 à Georges Wildenstein qui cherche un rédacteur en chef pour son hebdomadaire Arts, dont Georges Bernier assume alors la direction.

Deux ans plus tard, en février 1955, paraît le premier numéro de la revue mensuelle L'Œil que Georges Bernier va publier et diriger pendant dix-sept années. L'Œil est la première grande revue d'art européenne à conjuguer la précision scientifique de l'information – en faisant appel à des historiens d'art tant français qu'étrangers – avec une impression soignée en couleurs, encore peu fréquente dans la presse d'art, qui facilite l'abord des textes pour le grand public. Cherchant à élargir la base restreinte des lecteurs de revues d'art, Georges Bernier invente une formule inédite qui conjugue art moderne et art ancien, peinture, sculpture, architecture et décoration. Les points d'érudition rare (étude d'une pièce d'orfèvrerie, présentation d'un petit-maître maniériste...) alternent avec des sujets de curiosité (églises baroques, châteaux inconnus, jardins exceptionnels...) et assurent immédiatement le succès de la formule dans les milieux les plus divers : étudiants, spécialistes, amateurs d'art...

En 1962, parallèlement à la revue, Georges Bernier ouvre la galerie L'Œil qui présente des expositions thématiques à caractère historique sur L'École de Fontainebleau, la photographie de Vuillard, les monotypes de Degas... aussi bien que des artistes de la nouvelle génération (Arman, Bernard Dufour, Saby...). C'est également à la galerie L'Œil que se tiendra la dernière grande exposition internationale du surréalisme L'Écart absolu, organisée, en 1965, par André Breton.

Cette activité d'expositions, déjà initiée ponctuellement avec la galerie Knoedler (rétrospective de la revue Les Soirées de Paris en 1958, par exemple), perdurera, après la fermeture de la galerie L'Œil et la vente de la revue en 1972, par la création pour la galerie Wildenstein de Londres, dont Georges Bernier prend alors la direction, de nombreuses manifestations originales autour de La Revue blanche, de Sarah Bernhardt, d'Hubert Robert ou sur le thème des Cafés littéraires et artistiques.

C'est cette connaissance vécue, tant de l'art que de son milieu, qui fait la valeur des ouvrages que Georges Bernier a consacrés à L'Art et l'Argent (Robert[...]

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Écrit par

  • : directeur de la Galerie nationale du Jeu de Paume, Paris

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