BRASSENS GEORGES (1921-1981)
Il existe peu de révolutions dans l'histoire de la chanson française mais, indiscutablement, la survenue de Brassens constitue l'une d'elles. Dès ses premières apparitions, il parvient à diviser le public et à créer le scandale : les uns condamnent son anarchisme et son vocabulaire cru, les autres louent son style et son audace. Ne se réclamant d'aucune chapelle, il détaille sa vision de l'humanité en mettant en scène des personnages souvent caricaturaux mais toujours porteurs de faiblesses, d'angoisses, de cruauté, de bêtise, d'illusions et d'espoirs. Tout au long de son œuvre il explorera son petit théâtre personnel, bucolique et peuplé de gendarmes, de filles au grand cœur, de curés, de mégères, de maris cocus, de copains...
Peu de chanteurs ont connu une gloire aussi constante. Chacun de ses disques était attendu comme un évènement. Lorsqu'il investissait Bobino, ce n'était jamais pour moins de trois mois. Cette adhésion populaire s'explique par l'exigence dont Brassens a toujours fait preuve, tant dans l'écriture de ses textes que par l'originalité de ses mélodies. Il s'est appliqué à traiter des sujets universels et si parfois il apparaît moralisateur, force est de reconnaître que ses propos sont intemporels et restent toujours d'actualité. « J'ai l'impression de ressembler à mes chansons. On n'entre pas dans mes chansons comme dans un moulin. Heureusement qu'on n'y entre pas trop vite, sinon on en sortirait trop vite. »
Chef de file d'une expression qu'il n'a jamais considérée comme mineure puisqu'elle s'adresse au cœur et à l'intelligence des hommes, il a placé la barre si haut qu'elle donne le vertige à certains et permet aux meilleurs de donner le plus juste, le plus sincère et le plus beau.
La mauvaise herbe
Georges Charles Brassens naît le 22 octobre 1921 à Sète, dans l'Hérault, de Jean-Louis Brassens, un maçon tolérant et libre-penseur, et d'Elvira Dragosa, napolitaine d'origine et fervente catholique. Le jeune garçon grandit entre la garrigue et la mer, entre l'anticléricalisme paternel et le catéchisme imposé par la mère. Très jeune, il découvre la chanson en famille : « Je suis né dans la chanson. Mon père était capable de reconstituer une mélodie instinctivement et moi, à cinq ans, je connaissais deux cents chansons. » Il découvre ainsi Tino Rossi, Jean Tranchant, Mireille, mais c'est le jazz qui le séduit le plus, et les artistes qui sont influencés par cette musique : Ray Ventura et, surtout, Charles Trenet.
Élève médiocre et distrait, il brille uniquement en gymnastique. Son intérêt pour la poésie naîtra d'une rencontre, en 1936, avec un professeur de français, Alphonse Bonnafé. En 1939, ses études sont interrompues – il est alors en classe de troisième – à la suite d'un cambriolage dans lequel il est impliqué. Ses parents l'envoient à Paris vivre chez une de ses tantes.
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Écrit par
- Alain POULANGES : auteur
Classification
Média
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