CADOUDAL GEORGES (1771-1804)
Georges Cadoudal est une figure de la chouannerie, à laquelle il a donné une image d'intransigeance et de forte conviction religieuse, finalement consacrée par l'exécution, en place publique, pour complot contre le Premier consul. L'itinéraire politique de ce chouan emblématique s'est bâti contre la Révolution, dans l'Ouest, où les conflits autour de la religion ont été particulièrement vifs.
Né à Auray (Morbihan), Cadoudal, fils de paysan aisé, qui s'apprêtait à devenir clerc de notaire et avait manifesté dans un premier temps sa sympathie pour les patriotes, va, au nom de la défense de la religion catholique, entrer peu à peu dans l'opposition à la Révolution. Incarcéré une première fois en 1793, il gagne la Vendée dès qu'il est libéré, pour participer aux combats dans la Grande Armée catholique et royale, en compagnie d'autres Bretons. Il suit les Vendéens jusque dans la Virée de Galerne, qu'il abandonne après les batailles terribles du Mans et de Savenay (23 décembre 1793). De retour en Bretagne, il est d'abord emprisonné quelque temps à Brest en même temps que sa famille, puis libéré à la suite du 9-Thermidor (27 juillet 1794), avant de rejoindre définitivement la clandestinité contre-révolutionnaire.
Entré en « chouannerie », il dirige les groupes qui tiennent la côte du Morbihan, et en fait son fief à partir duquel il résiste d'abord aux républicains, mais aussi au chef chouan Puisaye, qui tente d'unifier la chouannerie sous son autorité. Cadoudal, qui refuse tout compromis avec les républicains, s'oppose notamment aux négociations de 1795 ; il continue la guerre, alors que les autres chefs chouans signent un traité de paix précaire avec les républicains (La Mabilais, avril 1795).
Cette obstination lui permet d'être à la tête de la plus forte armée chouanne lors du débarquement de Quiberon (juin-juillet 1795), soit environ quinze mille hommes, qu'il entraîne pour appuyer l'installation des troupes émigrées et anglaises. C'est lui qui, avec Tinténiac, s'engage ensuite dans la grande opération terrestre, dite de « l'armée rouge », pour essayer de prendre à revers les républicains, commandés par Hoche. Son échec à soulever la Bretagne intérieure est cependant moins grave que le rejet dont il est victime de la part des chefs émigrés, qui méprisent les troupes chouannes, témoignant de la place encore faible de la chouannerie dans le dispositif contre-révolutionnaire et de l'incompréhension qui règne dans ce camp. Après la dispersion du corps expéditionnaire anglo-émigrés, Cadoudal continue seul son combat, dénonçant la maladresse des chefs de l'expédition et surtout la politique de Puisaye, jugée trop personnelle et trop proche des positions du gouvernement anglais, attaché au parlementarisme et hostile aux émigrés.
Dans l'immédiat, la réussite militaire de Hoche contraint Cadoudal à accepter la paix, qu'il met cependant à profit en engageant ses hommes dans l'action politique, faisant élire certains d'entre eux dans des municipalités. Voyageant entre l'Angleterre et le Morbihan, il participe aux conflits internes à la Contre-Révolution, et fait partie de ceux qui souhaitent reprendre le combat ouvert. Il tente d'influencer dans ce sens le comte d'Artois et fait envoyer dans l'Ouest des chefs chargés de ranimer la chouannerie, comme La Trémoïlle, qui organise l'ensemble des mouvements contre-révolutionnaires. Cadoudal relance des opérations militaires, distribue des grades dans son armée, et, sans tomber dans le banditisme, fait attaquer des diligences... Le coup d'État de Fructidor an V, 4 septembre 1797, qui voit le Directoire renouer avec les principes jacobins, relance en outre la chouannerie, dorénavant mieux intégrée dans l'ensemble des mouvements[...]
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Écrit par
- Jean-Clément MARTIN : professeur à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne
Classification
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